Anecdotique, la culture Boing Boing? Chaque jour, deux millions de visiteurs s’y rendent. Depuis deux ans, le site est aussi le plus référencé dans les blogs.

Le saviez-vous? Le fabricant de montres très insolites Tokyoflash vient de sortir le modèle « Infection » qui donne l’heure sous la forme d’une boîte de Pétri électronique et multicolore. Dans l’Arkansas, la Justice a décidé d’abandonner les poursuites contre une femme qui avait bu son urine. A Rotterdam, un artiste conceptuel vit dans un véritable nid construit à flanc d’immeuble. Et en Inde, un pneumologue de Mumbai a eu la bonne idée de remplacer ses banales cartes de visite par des ballons gonflables. Ce genre d’infos quotidiennes, parmi mille autres du genre, vous ne les lirez pas dans vos journaux habituels, vous ne les entendrez pas à la radio, et vous ne les verrez certainement pas à la télévision, ni dans aucun autre de nos mass médias habituels. Ces informations-là, cette culture-là, on la trouve presque exclusivement sur le Net en consultant les quelques sites stars qui recensent, collectent et donnent écho à des infos artistiques, scientifiques, politiques, insolites et surtout rares ailleurs. Donnant enfin au Net sa culture, aux contours encore flous certes, mais bien distincts cette fois.

BOING BOING, NEATORAMA ET LES AUTRES

Longtemps, l’Internet n’a été considéré que comme un « simple » tuyau de contenus, certes révolutionnaires et high-tech, se contentant de véhiculer des informations et une culture nées ailleurs, sur d’autres supports considérés comme de véritables outils de création et des référents culturels: télé, ciné, radio, presse… Mais au fil des ans, de ses évolutions et surtout par la grâce d’une génération Internet qui atteint aujourd’hui sa majorité, le Net se distingue désormais non plus sur sa seule forme, mais aussi sur son fond. Quelques sites et portails culturels incarnent à eux seuls cette (r)évolution, aujourd’hui encore essentiellement anglo-saxonne. Citons notamment Boing Boing ou Neatorama, directement issus du Web 2.0 et de ce principe de sites communautaires où les utilisateurs sont aussi les auteurs. Une philosophie participative qui règne désormais sans partage sur la Toile, cinq des dix sites les plus consultés dans le monde en étant directement issus, comme YouTube, MySpace, Wikipedia ou FaceBook.

Boing Boing est né en 1988 en Californie, d’abord sous la forme d’un fanzine, avant de très vite se transformer en un forum d’intérêt général, mais dont le but affiché est de dénicher les informations les plus cools et les plus bizarroïdes possibles. Résultat? Un fatras absolument irrésistible d’infos puisées à toutes les sources, mélange à la fois hétéroclite et homogène de pop culture et de high-tech, de science rigolote et d’histoires insolites, d’artistes autodidactes et de passions de geeks, comme le steampunk, les legos, le design, Star Wars… Anecdotique, la culture Boing Boing? Chaque jour, deux millions de visiteurs s’y rendent. Depuis deux ans, le site est aussi le plus référencé dans les blogs.

Concurrent-camarade de Boing Boing, Neatorama est, lui, né en 2005 à San Francisco pour dévoiler le côté surréaliste de la vie sur Terre. Sa spécialité: établir les listes et les tops les plus improbables. Les dix prénoms les plus étranges (entre autres « Urhiness Kendall Icy Eight Special K » ou « Goldenpalacedotcom Silverman »), les cinq présidents américains les plus méchants, les cinq inventeurs tués par leurs inventions ou les 25 collections les plus dingues à voir sur le Net (posters de poissons, décoration de lunettes de toilettes, étiquettes de marques de banane…).

On pourrait en citer d’autres, comme Grow-a-Brain ou Digg It. Mais tous ont en tout cas un point commun: leurs fondateurs sont à chaque fois des surdoués amusés et désintéressés: le créateur de Boing Boing est écrivain, illustrateur et journaliste, celui de Neatorama fait de la biologie moléculaire, et celui de Grow-a-Brain vend de l’immobilier de luxe!

Et en français dans le texte? Rien à cliquer, ou presque, de fédérateur pour le moment: on cherche encore l’équivalent francophone d’un Boing Boing. Si de nombreux sites persos s’en réfèrent pour se nourrir, aucun n’a encore réussi à incarner cette culture-là. Une question de temps, sans doute.

www.boingboing.net www.neatorama.com http://growabrain.typepad.com

TEXTE OLIVIER VAN VAERENBERGH

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