La génération Club Dorothée déboule dans la bande dessinée. Après avoir biberonné aux mangas, Audrey Fasquel fusionne ses influences et crée un hybride rafraîchissant.
Pour Audrey Fasquel, tout commence avec Dragon Ball Z: » Jesuis tombée amoureuse du dessin animé« , diffusé dès les années 90 sur TF1. Elle en redessine les personnages et n’arrêtera plus de noircir des pages. D’autres mangas passeront à sa moulinette, Akira, Ranma, etc. Puis elle se consacrera à ses propres histoires.
Un background foncièrement nippon donc. Quid de la BD franco-belge bien de chez nous? » Quand on est ado, on est toujours un peu extrémiste, sourit-elle . Cette bande dessinée-là me paraissait très… old school par rapport au manga, plus axé sur l’adolescence, les sentiments poussés très loin, un médium très dual. » La franco-belge, elle en consommera donc plus tard, durant ses études à l’académie des Beaux-Arts de Tournai, sous la houlette d’Antonio Cossu. » Il m’a dit: ton style doit être à toi, tu reviendras au manga si c’est ta voie, mais tu ne dois pas partir de là. »
La recette de sa cuisine fusion? Si Manboou – un pseudonyme trouvé par Ancestral-Z, auteur notamment des BD Dofus et camarade de classe à Tournai – ne lit presque plus de mangas aujourd’hui, elle avoue un goût prononcé pour les titres plus légers ou intimistes, le Combat ordinaire de Larcenet, le Lapinot de Trondheim, la collection Poisson Pilote. Côté japonais, le label Made In de Kana, » pour son côté roman graphique« .
Davantage qu’une mangaka à la française
Lorsqu’on ouvre un des trois volumes de sa minisérie R (Dargaud), on reste néanmoins frappé par l’influence nippone sur sa composition et le côté très sitcom de son approche. Manboou est pourtant plus qu’une mangaka à la française. » D’ailleurs, pour un lecteur de 40 ans, mon travail, c’est du manga, mais pour un jeune, c’est de la BD classique! »
Une sorte d’entre-deux totalement assumé, axé sur le vécu et l’intime des gens. Une préoccupation héritée de la bande dessinée japonaise, » où l’on voit toujours ce que pensent les personnages, où l’on colle au plus près à leur vie intérieure« . De là à verser dans l’autofiction chère à nos contrées occidentales… Et dans les blogs BD, tel celui de Boulet? » J’adore ce qu’il fait sur son blog: on se met à sa place, ce qui nous ramène à notre propre vécu. Mon blog? J’y place des images, des photos, de temps en temps un dessin… Rien à voir avec Boulet! »
Il faut dire que sa petite fille de huit mois est passée par là. » J’ai fini les trois derniers chapitres du troisième album de R en trois mois, avec ma petite dans les bras. De quoi m’inspirer un album pour enfant? Oui, cela me plairait bien. On m’a d’ailleurs proposé un album sur la grossesse. Et sur mon blog, je reçois beaucoup de réactions depuis que je parle de ma jeune famille. » L’Internet, carrefour de la vie intime et de l’art public… l
www.manboou.canalblog.com
Vincent Degrez
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