Crocodile

À 8 ans, lors de vacances familiales, Alain Fromentin découvre le tennis. C’est une révélation. à son retour dans l’Essonne, l’inscription dans un club local encourage ses prédispositions. Répétant cent fois le même geste comme David Carradine dans la série Kung Fu, l’élève doué se fait le cuir. Joueur de ligne de fond poussant son adversaire à la faute, son style lui vaut le surnom de “crocodile”. Le gringalet se voit déjà gravir les échelons pour rejoindre le Pôle France, devenir tête de série, futur grand espoir du tennis hexagonal. L’époque ne manque pas de héros: durant les années 80, petit contre grand tamis, c’est la fin de l’ère Borg, les débuts de Boris Becker, bientôt le règne des cogneurs. Tournois provinciaux, valse des entraîneurs, gamberge et hargne de vaincre, Fromentin part à la rencontre de sa discipline. Denis Gombert pratique la littérature comme un sport de gentleman. On dévore son livre pleine ligne, où le charme naturel fait oublier le fond de jeu rapide. “Le péché d’orgueil est au cœur de notre sport.” Les entraînements s’intensifiant, le lecteur savoure l’amitié indéfectible qui lie Alain à éric, vedette du club dont il envie le jeu à tempérament sur les courts comme à la ville. En quatrième manche, lorsque le tempo ralentit pour brosser les revers de la vie, se déploie un sens de l’amorti acide faisant presque regretter l’absence d’un cinquième set. “Il n’a échappé à personne que (…) les règles d’un match de tennis recopient précisément celles de la tragédie.”