Deux romans culte brésiliens qui paraissent en français au même moment. Trop rare pour ne pas valoir le détour. Simple curiosité au départ, délire tropical à l’arrivée…

Deux romans culte brésiliens qui paraissent en français au même moment. Trop rare pour ne pas valoir le détour. Simple curiosité au départ, délire tropical à l’arrivée…

SANG DE COCA-COLA

De Roberto Drummond, éditions Fayard Noir, 402 pages.

LES AUTEURS

Ecrivain saltimbanque décédé en 2002, Roberto Drummond a toujours milité contre la junte militaire. Volontiers parodiques, ses livres sont des réquisitoires jouissifs contre le régime autoritaire. Sang de Coca-Cola a été publié en 1980. C’est devenu immédiatement un livre culte.

LE PITCH

D u LSD a été ajouté dans le Coca-Cola au Brésil. Mauvais trip et hallucinations collectives en perspective. Avec des effets inattendus sur la galerie de personnages qui hantent ce roman carnavalesque. Le Caméléon Jaune va enfin avoir le courage d’affronter l’autorité. Quant à l’Homme à la Chaussure Jaune, responsable des infos sur la chaîne du Bonheur, il compte déclencher la guerre des mondes…

LE VERDICT

Au travers d’une intrigue déjantée, Roberto Drummond offre une vision carnavalesque de son pays. Poussée à l’extrême, la caricature tient ici lieu d’arme de contestation massive. Jouant de la dérision et de l’absurde pour mieux contourner la censure ambiante de l’époque, l’auteur se prend parfois les pieds dans le tapis d’un genre par essence boursouflé. Reste que ce Sang de Coca-Cola désaltérera utilement les esprits les plus arides.

PANAMéRICA

De José Agrippino De Paula, éditions Léo Scheer, 254 pages.

LES AUTEURS

Pionnier du tropicalisme, ce mouvement né à la fin des années 60 qui regroupait tous les artistes opposés au nationalisme culturel imposé par le régime dictatorial, José Agrippino de Paula use lui aussi de la parodie pour railler la dictature militaire et son allié américain.

LE PITCH

Peuplé de personnages improbables comme Marylin Monroe, Harpo Marx ou Dieu, PanAmérica raconte sur un mode délirant les péripéties du narrateur, cinéaste travaillant à l’adaptation au grand écran de la Bible, qui se retrouve bientôt associé à des terroristes sud-américains. De loufoque, le livre, qui date de 1967, bascule dans le gore kitsch. Un récit pop complètement disjoncté.

LE VERDICT

Conte cruel et comique d’un Brésil enclavé, PanAmérica se dévale à un rythme trépidant. Pour peu qu’on ne soit pas allergique à la fantaisie la plus débridée, on se régalera d’un bout à l’autre. Sinon, mieux vaut passer son chemin. Plus fou et plus inventif que le Drummond, jusque dans le phrasé cadencé rappelant la samba, PanAmérica n’a pas pris une ride malgré ses 40 ans. Un labyrinthe narratif aussi vertigineux que psychédélique.

L. R.

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