Bye-bye les tubes radiophoniques. Avec Congratulations, MGMT accouple la sunshine pop sixties et la musique psychédélique anglaise des années 80. Audacieux.

Tout le monde, surtout à Hollywood, a déjà bien assimilé le concept de la fille d’à côté. Celle qui devient une star et avec qui vous auriez très bien pu partager une rue, un palier voire un baiser. Quelque part, Ben Goldwasser et Andrew VanWyngarden, les deux MGMT en chef, sont ce qu’on pourrait appeler des boys next door. Deux jeunes mecs qui ne paient pas de mine. Coolos, simples, bavards, spontanés…

Mais bon, tout ça, c’est la théorie. Parce qu’en pratique, aucun de vos voisins n’interpellera Paul McCartney en lui proposant une collaboration. Pas plus qu’il n’attaquera en justice le président Sarkozy pour avoir utilisé librement un de ses tubes lors d’un Congrès National de l’UMP (1). Ou sortira un deuxième album comme Congratulations. Disque au titre ironique, certainement pas prétentieux, qui se termine par une petite salve d’applaudissements.

Ces applaudissements, Management les mérite. D’abord, parce que Goldwasser et VanWyngarden ont essayé de se réinventer. De ne pas barboter dans les mêmes eaux, synthétiques et bénites, qui leur avaient permis de décrocher la timbale avec une collection de tubes radiophoniques – Kids, Electric Feel, Time To Pretend– qui faisaient un petit peu trop de bricolo gonflette.  » Nous ne l’avons pas approché de manière consciente et réfléchie mais ce deuxième album est un croisement entre la sunshine pop des sixties et la musique psychédélique anglaise des années 80, résume Andrew VanWyngarden en croquant à pleines dents dans un burger. Je parle de The Millennium, des Mamas and Papas, de Love, des Beach Boys ou de Sagittarius. De Julian Cope, Teardrop Explodes, Felt et des Television Personalities…  »

Ensuite, parce qu’après avoir eu recours à Dave Fridmann (Mercury Rev, Flaming Lips), les lascars ont déterré l’un des 2 fondateurs, Peter Kember, des incroyables Spacemen 3 pour les aider à mettre en boîte leur album.  » Nous n’avons jamais imaginé dégoter un producteur super connu ou trendy… Nous avons essayé d’utiliser le succès de notre premier disque, Oracular Spectacular , pour rencontrer nos héros, les gens qui nous ont inspirés. Et, encore mieux, travailler avec eux. Plus que grimper sur l’échelle de la notoriété, nous voulions enregistrer un album dont nous serions heureux et qui représente réellement qui nous sommes.  »

Des mecs déjà, avec pas mal d’autodérision, qui s’interrogent après avoir posé pour Petit Bateau sur le fait qu’une marque de vêtements pour enfants  » fasse appel pour leur campagne de pub à 2 mecs bizarres avec des têtes de drogués.  »

Alerte à Malibu

Peu de jeunes groupes ces dernières années semblent avoir mis à profit leur succès et leur irrésistible ascension comme les petits malins de MGMT. Goldwasser et VanWyngarden se sont surtout payé la chose la plus précieuse au monde: l’indépendance, la liberté.  » Nous n’avons pas ressenti la moindre pression. Qu’elle vienne du label ou de qui que ce soit d’autre. Quand nous nous sommes mis à plancher sur Congratulations , le premier album se vendait encore plutôt bien. La maison de disques avait l’air heureuse et continuait de le travailler. Ça la distrayait et nous avons pu faire tout ce que bon nous semblait.  »

Comme aller enregistrer sur la côte ouest. Pas dans les studios clinquants de Los Angeles. Mais à Malibu, sur les plages chères à Pamela Anderson.  » Nous ne sommes définitivement pas partis en Californie pour rencontrer la haute société. Il caillait à New York. On s’est dit que c’était l’occasion de s’éclipser un bout de temps et d’écrire de nouvelles chansons.  »

Les célébrités, les lascars préfèrent les taquiner que les rencontrer. Ils ont d’ailleurs refusé d’assurer la première partie de U2, Coldplay et des Foo Fighters – » nous ne voulons pas faire la tournée des stades, nous sommes un groupe de rock pas des pop stars« -, et jouent avec beaucoup d’humour la carte du name dropping. « Congratulations parle de la musique. De ceux qui la font. Et de leur approche du succès. L’idée, c’est qu’on est tous des êtres humains et que personne ne comprend vraiment tout ce qui lui arrive, n’a la science infuse et la réponse à tout. Même l’artiste le plus connu. L’homme le plus puissant.  »

 » Je vois bien qu’il est souriant mais qu’est-ce qu’il sait?« , s’interrogent goguenards nos 2 New-Yorkais sur un morceau intitulé Brian Eno.  » Je suis grand fan de Roxy Music, des Talking Heads, de Devo et même des trucs qu’il a enregistré en solo. J’espère ne pas l’avoir vexé. Ni d’ailleurs lui avoir donné l’impression qu’on se moquait de lui.  »

Quand on vous dit qu’ils sont attachants les MGMT. Et l’allusion à madame Faithfull – » Marianne, pass me the joint« – est encore plutôt sympa…  » Je suis tombé sur un bouquin de photos consacré aux Rolling Stones et à toute leur carrière. J’ai flashé sur une photo où on la voyait encore jeune et très style. J’imaginais bien Mick Jagger lui dire « passe-moi le pétard  » à l’arrière d’un taxi londonien.  » Celui de MGMT est tout sauf mouillé. l

(1) Sarko, monsieur « travailler plus pour gagner plus », a tout de même eu le culot de proposer à MGMT un euro symbolique de dédommagement, ce que le groupe a estimé humiliant.

Rencontre Julien Broquet

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