On les prend souvent pour des imbéciles heureux contents d’être riches, fans de grosses cylindrées et de grosses poitrines, d’écrans plats et des PlayStation qui vont avec. Comme dans tous les milieux, il y a des exceptions: certains se distinguent, en bien ou en mal, par une faculté rafraîchissante à s’extraire du troupeau.

LES INtellos

En 2008, Oleguer Presas quitte son club de c£ur, le FC Barcelone, pour rejoindre l’Ajax d’Amsterdam. Mais sans rien renier: l’élégant défenseur latéral, diplômé en Sciences économiques, n’a jamais caché sa sympathie pour la cause indépendantiste catalane, au point de refuser ses sélections en équipe nationale. Mouche du coche dans un milieu aseptisé, Oleguer défraye la chronique en publiant, début 2007, un article polémique dans un journal basque: il y remet en cause l’Etat de droit espagnol et son système judiciaire en s’appuyant sur l’exemple du traitement infligé au militant de l’ETA Iñaki de Juana Chaos. Ancré à gauche lui aussi, le Français Vikash Dhorasoo s’est surtout distingué par son culot monstre à la Coupe du Monde 2006: prié de jouer les utilités dans le groupe France, Dhorasoo (photo) embarque une caméra super 8 avec lui. Pendant que Zidane emmène le onze tricolore en finale, Dhorasoo filme ses états d’âme de joueur frustré, pour ce qui deviendra le saisissant documentaire Substitute. Lequel donnera naissance à une vocation: l’ancien feu-follet de Lyon produit, depuis lors, d’autres documentaires.

LES POLITICOs

Dhorasoo acheva sa carrière sur une pige en bois à Livourne, berceau du parti communiste italien. Et de Cristiano Lucarelli (photo), centre-avant aussi costaud qu’efficace, qui plantait goal sur goal pour son équipe fétiche avec le numéro 99 gravé dans le dos: un hommage à l’année de naissance des Brigades autonomes livournaises, groupe d’ultras d’extrême gauche. Un cas à part en Italie, où les stars du maillot-short ont davantage tendance à clamer leur enthousiasme pour l’autre extrême, celle qui se dresse, bras levé, dans ces fameuses « curvas » où l’ambiance des gradins sent la dynamite. Les clubs romains, dans ce trip-là, ont plutôt la cote: pour célébrer ses buts, le brûlant Paolo Di Canio offrait aux ultras de la Lazio un salut mussolinien du plus fasciste effet. Des joueurs comme l’interiste Materazzi (coup-de-boulé par Zidane en 2006), le milaniste Abbiati, ou le Romain Aquilani (et son buste du Duce) l’ont souvent dit ou sous-entendu: le fascisme, c’est pas bien, mais c’est quand même un peu bien.

LES déviants

Au Royaume-Uni, les footballeurs-bastonneurs s’amusent parfois à rejouer le match à la sortie des pubs. Du talentueux Steven Gerrard au sanguin Craig Bellamy -qui a notamment frappé l’un de ses coéquipiers à coups de club de golf, confirmant une réputation sulfureuse de bad boy qu’il s’empresse encore d’honorer-, ils sont plusieurs à engraisser les paparazzis. Dans un registre plus sensuel, on se souvient du récent incident ayant opposé John Terry (photo), valeureux capitaine de Chelsea, à son ancien ami (?) de club, Wayne Bridge: cette histoire d’adultère -Terry a placé d’immenses cornes sur le crâne de Bridge, alors que les deux couples s’entendaient à merveille- a fait le tour des médias à scandale, dans un pays qui en est friand.

LES reconvertis

Véritable boucher des gazons, le Gallois Vinnie Jones a réussi à recycler son image d’enfant terrible -à Paul Gascoigne, qu’il marquait à la culotte, il grogna: « Je suis un gitan, je vais te mordre l’oreille et la recracher sur le terrain. Tu es seul, tout seul avec moi. » Joue libéré, après…- pour pénétrer l’univers cinématographique de Guy Ritchie ( Lock, Stock and two smoking barrels, Snatch), avant de se voir confier une multitude de rôles de… gros méchants et d’envisager de s’attaquer au remake d’ A nous la victoire, où le premier rôle serait joué par David Beckham! Mais le plus illustre exemple de reconversion porte évidemment le n°7, le visage haut, l’accent et le verbe gifleur: Eric -The King- Cantona (photo), probablement l’une des plus flamboyantes personnalités de l’histoire du foot avec Diego Maradona (dont le soutien à Cuba et à Hugo Chavez pourrait lui permettre de figurer dans les politicos), fait toujours plaisir à voir ou à entendre, même si ses talents d’acteurs, certes en net progrès, n’ont pas le raffinement de son toucher de ballon.

LES ALCOoLOs

Un destin à la Pantani ou à la Frank Vandenbroucke: c’est ce que le milieu du football redoute pour l’ancien patron du football anglais, Paul « Gazza » Gascoigne (photo). Même son propre fils prévoit dans les journaux sa mort imminente. Glauque. Gascoigne le dingue, l’un des joueurs les plus emblématiques de la décennie 90, s’inscrit dans la droite lignée d’un autre Anglais célèbre pour ses frasques imbibées, le cinquième Beatle Georgie Best. Comme eux, l’ancien capitaine d’Arsenal, Tony Adams, fut lui aussi rongé par l’alcoolisme au cours de sa carrière, sans parler du buffle brésilien Adriano: l’exceptionnel avant-centre s’est complètement effacé au cours de ses dernières saisons à l’Inter de Milan, victime de dépression et d’alcoolisme.

Texte Guy VERSTRAETEN

 » J’ai dépensé 90 % de mon argent en alcool et en femmes. Le reste, je l’ai gaspillé.  » George Best

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