MOINS POP QUE LILY, MOINS DÉFONCÉE QU’AMY ET PLUS NATURELLE QUE DUFFY, ADELE SORT LE 24 JANVIER SON NOUVEL ALBUM: 21.

Elle a déjà caracolé en tête des charts anglais, remporté un Brit Awards et deux Grammy. Et même reçu une lettre du Premier ministre Gordon Brown la remerciant d’être une lumière au bout du tunnel en période troublée de crise financière (ils sont forts ces politiciens). Un peu vite présentée comme l’une des nouvelles voix de la soul, Adele, 22 ans, souriante et spontanée, se raconte et parle de son deuxième album ( lire la critique page 35) en allumant clope sur clope.

Votre nouveau disque a été profondément marqué par le blues et la country. C’est plutôt surprenant…

On a passé beaucoup de temps sur la route pendant notre tournée américaine et j’allais constamment fumer mes clopes près du chauffeur qui écoutait sa musique. Je n’y connaissais pas grand-chose moi à la country. Je suis anglaise. Et elle ne pèse pas lourd en Grande-Bretagne. J’ai cependant craqué pour son côté instantané. Avec la country, tu ne te grattes pas les cheveux en te disant: de quoi parle cette putain de chanson? Question qu’on se pose quand même trop souvent aujourd’hui. Ma plus grande découverte fut sans doute Wanda Jackson que je trouve très sexuelle, forte, passionnée. Je suis aussi tombée sous le charme d’Alison Krauss, des SteelDrivers, de Garth Brooks et des premiers trucs de Dolly Parton… En même temps, je n’ai pas enregistré un album country. J’ai absorbé les mélodies et les thèmes propres au genre.

Un moyen de s’éloigner de la blue-eyed soul?

Sans doute mais sans que ce soit délibéré. Je me suis immergée. Dès que j’en ai l’occasion, je me promène dans les magasins de disques. J’ai aussi ces derniers temps écouté beaucoup de rap. Jay-Z, Nas, Mos Def, le premier Mary J Blige. J’aime également Mumford and Sons et The xx… Je suis jeune. Je pense que mes goûts vont encore beaucoup évoluer dans les 20 prochaines années. En tout cas, je veux explorer. Pas m’enfermer. J’ai des tas de choses à découvrir. Je finirai sans doute par enregistrer un disque de jazz ou un truc à la Metallica. Enfin Metallica peut-être pas.

Est-ce que les histoires d’amour foireuses sont toujours votre principale source d’inspiration?

Tout à fait. Quand je m’amuse, je n’ai pas le temps de pondre des chansons. Mais quand je suis déprimée, quand je me sens seule, quand je me sépare de quelqu’un ou que j’ai le c£ur brisé, je n’arrive pas à m’asseoir et à dire ce que je ressens. J’arrête de sortir. Je m’enferme à la maison et j’écris.

En gros, vous avez besoin d’une séparation pour enregistrer un disque?

J’espère que non. Je ne me vois pas dire à un petit ami de dégager parce que je dois sortir un nouvel album.

Dans un élan presque libertaire, vous avez par contre annulé une tournée américaine pour un mec…

Ce n’était pas juste pour ce garçon. Je rencontrais aussi quelques problèmes familiaux. Mais ça m’a permis de me souvenir que j’avais cette liberté. Que j’étais responsable de ma carrière. Personne ne m’a dit: monte dans ce putain d’avion ou on va te poursuivre en justice. Tout le monde s’est montré très compréhensif. Je ne ferai plus jamais ce genre de chose. C’est irrespectueux. Mais ça m’a fait du bien. Tu chantes pendant 5 ans avant de faire ton trou. Et tout à coup, tu te retrouves sur des plateaux de télé entre Robert Plant et Arcade Fire, Björk et Paul McCartney. C’est assez surréaliste et déconcertant. Tu as presque l’impression de ne pas être là. De te promener dans un rêve. J’ai vraiment conscience de la chance que j’ai, de l’énormité de la situation mais je préfère ne pas trop y penser. Ça me fait peur.

Ça doit coûter cher 6 producteurs. A fortiori quand figurent parmi eux Rick Rubin (Beastie Boys, AC/DC, Johnny Cash…) et Paul Epworth (Bloc Party, Kate Nash, The Rapture…)…

Quand un mec comme Rick Rubin veut travailler avec toi, tu ne refuses pas. C’est à la fois une incroyable opportunité et un grand honneur. En plus, il a produit Californication des Red Hot. Un album qui m’a énormément marquée en tant qu’adolescente. On a formé un duo improbable mais bien balancé. Il est très calme tandis que moi, je suis nerveuse et je fais beaucoup de bruit. Paul Epworth, lui, avait déjà produit Jack Penate, l’un de mes meilleurs amis. Il est électrique. Toujours plein d’idées. Certains ne pourraient pas travailler sur un disque avec autant de gens mais moi, ça me tient en éveil. Au moins, je ne m’ennuie jamais… Puis, je ne voulais pas que mon album soit défini par le travail de l’un ou de l’autre.

Votre premier disque s’intitulait 19. Le nouveau 21. A chaque fois l’âge que vous aviez au moment d’en écrire les chansons. Vous avez peur de vieillir?

La mort ne m’effraie pas, non. Enfin pas la mienne. Par contre, je redoute comme tout le monde celle de mes proches. Disons que c’est plutôt une manière de photographier où je me situe dans la vie.

On parle aujourd’hui de 3e british invasion aux Etats-Unis. Ce qui est surprenant, c’est que vous devez votre succès à Sarah Palin…

Duffy, Amy et Lily ont rapidement eu des hits aux USA. Leurs formats radio sont fort différents des nôtres. Moi, j’ai dû attendre de passer à la télé pour voir ma carrière décoller. Et grâce à Sarah Palin, je me suis retrouvée dans l’un des Saturday Night Live les plus regardés de l’histoire ( 17 millions de téléspectateurs, ndlr). Elle a voulu venir dans ma loge. J’ai refusé. D’abord parce que je ne partage pas ses opinions mais aussi parce que mon styliste et mon coiffeur sont gays. Ils m’ont avertie: si elle entre ici, on ne s’occupe pas de toi ce soir. l

ADELE, 21, DISTRIBUÉ PAR XL. SORTIE LE 24 JANVIER. EN CONCERT LE 5 AVRIL AU CIRQUE ROYAL.

TEXTE JULIEN BROQUET

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