FIN EXPLORATEUR DE LA GÉOGRAPHIE DES SENTIMENTS, LE CINÉASTE CORÉEN HONG SANG-SOO POURSUIT UNE oeUVRE SINGULIÈRE DÉCLINÉE AU MASCULIN-FÉMININ.

DRAME

Un jour avec, un jour sans

DE HONG SANG-SOO. AVEC JEONG JAE-YEONG, KIM MIN-HEE, GI JU-BONG. 2 H 01. DISPONIBLE EN VOD.

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DRAME

Sunhi

DE HONG SANG-SOO. AVEC JEONG YU-MI, JEONG JAE-YEONG, KIM SANG YUNG. 1 H 28. DISPONIBLE EN VOD.

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S’il fait le délice des festivaliers de Cannes à Berlin en passant par Venise ou Rotterdam, le cinéaste coréen Hong Sang-soo reste par contre ignoré des distributeurs belges, et ce, qu’il obtienne le prix Un certain regard pour Ha Ha Ha ou qu’il fasse tourner Isabelle Huppert dans In Another Country. Disponibles sur la plateforme UniversCiné, deux de ses films les plus récents viennent toutefois judicieusement témoigner du talent singulier du prolifique réalisateur de Conte de cinéma et La Femme est l’avenir de l’homme, disciple déclaré de Rohmer, et explorateur avisé de la géographie des sentiments.

Tourné en 2014 en six jours à peine, Sunhi raconte l’histoire d’une jeune diplômée en cinéma, de retour à l’université pour demander une lettre de recommandation à l’un de ses professeurs, Choi. Circonstances qui vont la conduire à croiser Munsu, son ancien petit ami, et Jaehak, un réalisateur issu du même établissement. Comme souvent chez Hong Sang-soo, le récit est affaire de variations et celles de Sunhi se déploient en touches sensibles, chacun y allant d’une appréciation somme toute voisine de la secrète jeune femme, en un chassé-croisé généreusement arrosé de soju -une constante chez le cinéaste. Mais si le dispositif se veut résolument ludique, sentiment culminant dans un final particulièrement réjouissant, c’est aussi un malaise existentiel diffus qui pointe, cette drôle de déambulation sentimentale se voilant aussi de mélancolie, jusqu’à sembler n’avoir d’autre objet que de renvoyer hommes et femme à leur irréductible solitude…

Il n’en va guère autrement, du reste, dans Un jour avec, un jour sans, Léopard d’or à Locarno en 2015, un film articulé, en un dispositif miroir, en deux chapitres successifs constituant autant de variations autour d’un même thème. Arrivé un jour trop tôt dans une ville de province où il a été invité à parler de son oeuvre, un cinéaste y fait la connaissance d’une jeune peintre, la relation qui s’esquisse produisant des étincelles, entre conversations à répétition et libations sans retenue. Situation qui se répète pratiquement à l’identique, mais avec diverses nuances et une issue différente dans la seconde partie du film. Astucieux, le principe narratif permet à Hong Sang-soo d’évoluer avec fluidité et limpidité sur la gamme des sentiments, laissant ses personnages comme en suspension dans les entrelacs de ce marivaudage détourné. Pour livrer, au final, une oeuvre subtile, conte de cinéma volatil déclinant ses humeurs changeantes dans les plis doux-amers de la mélancolie…

JEAN-FRANÇOIS PLUIJGERS

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