Consolée

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Beata Umubyeyi Mairesse, tantôt lyrique tantôt plus éducative, aborde ici la douloureuse question des enfants métis du Ruanda-Urundi souvent rapatriés de force en Belgique juste après l’indépendance (1960). En tressant finement les points de vue entre Consolée en 1954, enfant arrachée à sa famille noire et désormais “mulâtresse” pour les Blancs qui la placent à l’orphelinat de Save pour l’éduquer à l’occidentale avant une adoption éclair par une famille flamande, et Astrida en 2019, femme âgée en Ehpad dans l’incapacité d’évoquer clairement cette confiscation violente de vie, l’autrice montre combien la ségrégation organisée sous la colonisation laisse des traces traumatiques, même enfouies au tréfonds. Traversant le livre, les oiseaux (ceux du passé, réminiscences de Muzehe, grand-père protecteur et pourvoyeur de poésie; ceux d’aujourd’hui, clés d’un mystère insondable) sont ici les alliés d’une réparation à opérer. En contrepoint contemporain s’ajoute la trajectoire de Ramata, tout juste formée en art-thérapie. Quinquagénaire d’origine sénégalaise, en quête toute sa vie été d’assimilation républicaine, elle se sent désormais en friction avec ses choix, à l’aune de ceux de sa fille (plus militante) et de micro-agressions répétées. Il est encore long, le chemin vers un ancrage sans vacillement pour tous…

De Beata Umubyeyi Mairesse, éditions Autrement, 368 pages.

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