Conseils d’1 disciple de Marx à 1 fan d’Heidegger

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Les aficionados de feu Roberto Bolaño n’en reviendront pas: dans une vidéo troublante exhumée récemment par les éditions Allia, on assiste à une interview télévisée de l’écrivain culte. Sonné comme si on venait de voir un fantôme, on poursuit et entend le Chilien soudain révéler qui est Ulises Lima, l’un des deux poètes mystiques de ses légendaires “détectives sauvages”. Arturo Belano est l’alter ego de Bolaño, on le sait. Mais Lima? Il est son meilleur ami de l’époque: Mario Santiago Papasquiaro. Ensemble, ils fonderont l’infraréalisme, sorte de surréalisme Beat -dans Les Détectives sauvages, Bolaño le désigne comme le real-viscéralisme. Conseils d’1 disciple de Marx à 1 fan d’Heidegger de Papasquiaro paraissent en 1975, la même année que le premier manifeste infraréaliste. Ce texte incandescent, où ce personnage étonnant multiplie les caractères typographiques (1, &, / ), sonne d’ailleurs comme le manifeste de quelque mouvement révolutionnaire sur le point d’éclore. C’est un long poème à la Howl de Ginsberg, qu’on jurerait avoir été écrit d’une traite: “Si ce n’est pas de l’Art je veux bien me couper – les cordes vocales – mon testicule le plus tendre / j’arrête de dire – des conneries.” Pour en apprécier le panache, on conseille d’ailleurs de le lire en une seule fois. Et restez sur vos gardes: “À tout moment se produit un poème”.

De Mario Santiago Papasquiaro, éditions Allia, traduit de l’espagnol (Mexique) par Samuel Monsalve, 80 pages.

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