Comment j’ai fait 100 films sans jamais perdre un centime

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On l’a baptisé le prince du drive-in, le roi de la série B, le pape du cinéma pop. En tant que réalisateur culte des marginaux ou en sa qualité de producteur grippe-sou spécialisé dans le budget plancher, Roger Corman a marqué de son empreinte plus de 60 années de cinéma d’exploitation US déviant et drogué. Au sein de sa société de production et de distribution Filmgroup, puis de sa fameuse New World Pictures, ce mentor au nez creux contribuera surtout, en donnant leur chance à la jeunesse et au talent, à créer de film en film une espèce d’université dissidente du cinéma indépendant dont sont sortis diplômés quelques-uns des plus grands cadors de l’Histoire du 7e art, qu’ils soient acteurs (Charles Bronson, Jack Nicholson, Dennis Hopper, Robert De Niro) ou réalisateurs (Francis Ford Coppola, Peter Bogdanovich, Monte Hellman, Joe Dante, Martin Scorsese). Publiée au début des années 90 outre-Atlantique, et aujourd’hui enfin traduite chez Capricci, maison qui édite notamment le mensuel de cinéma So Film et entend réinventer une forme de curiosité cinéphile, cette autobiographie farcie d’anecdotes plus improbables les unes que les autres -Corman y raconte, entre autres joyeusetés, son premier trip à l’acide, ses bidouillages de bandes-annonces avec des plans piqués chez d’autres, ses expériences de tournage avec les Hells Angels ou les Ramones- retrace étape par étape un parcours qui aurait logiquement dû le mener à l’ingénierie industrielle, et détaille les clés de sa réussite. Écrit comme il réalise et produit ses films -vite, et sans trop se poser de questions, mais avec entrain et caractère-, émaillé de témoignages hauts en couleur de ses disciples et collaborateurs les plus directs, l’ouvrage le présente en grand pragmatique devant l’Éternel, cinéaste hors-la-loi adepte de l’esbroufe, à l’instinct et au flair hors pair. Soit quelque 400 pages qui s’avalent d’une traite, le sourire en coin.

Comment j'ai fait 100 films sans jamais perdre un centime

Livre De Roger Corman, avec Jim Jerome, Éditions Capricci, traduit de l’anglais (États-Unis) par Olivia Allègre et Frédéric-Guillaume Goetz, 416 pages.

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