APRÈS A SINGLE MAN, L’ACTEUR BRITANNIQUE TROUVE UN NOUVEAU RÔLE D’EXCEPTION EN LA PERSONNE DE GEORGE VI, L’HOMME QUI AURAIT VOULU NE PAS ÊTRE ROI…

Novembre 2010. Présenté quelques jours plus tôt au festival de Londres, The King’s Speech y a fait très forte impression. La prestation de Colin Firth, en particulier, lui a valu une avalanche de superlatifs, quelques mois à peine après ceux qui avaient accompagné la sortie de A Single Man. Une effervescence que l’acteur accueille avec une modestie non feinte: « J’ai eu 2 formidables opportunitésqui me valent de connaître une période extrêmement fertile, observe-t-il. Après 20 ou 25 ans dans ce business, il faut croire que j’ai eu la chance de tirer 2 très bonnes cartes. Il y en avait eu d’autres auparavant, mais on n’y avait guère prêté attention. Peut-être ma bonne fortune est-elle liée à mon âge, qui me vaut des projets plus intéressants. Je joue désormais des personnes qui ont un passé… « 

Authenticité vs pastiche

Et, partant, une histoire, celle de George VI étant assurément peu banale. « Jouer un roi est une expérience déroutante, poursuit l’acteur. C’est l’une des rares professions sur laquelle personne ne peut vous renseigner. On peut probablement trouver un astronaute quelque part, mais vous n’aurez jamais un roi sous la main, avec qui jouer pendant quelques jours à faire le roi…  » D’où une difficulté accrue, moindre cependant que la responsabilité ressentie par l’acteur face au bégaiement dont souffrait le monarque: « Je voulais être absolument certain de ne pas être inauthentique, parce que je sais combien des gens peuvent en souffrir profondément. Au cinéma, on utilise presque toujours le bégaiement pour obtenir un effet comique. Cela doit être dévastateur lorsqu’on y est sujet, parce qu’il y a très peu d’infirmités qui sont ainsi légitimement pastichées. Pour ma part, j’ai veillé à ce que cela résonne de manière aussi authentique que possible.  » À cet effet, l’acteur a multiplié les recherches: sur George VI, bien sûr, dont il a écouté les enregistrements, mais aussi sur le handicap, en compagnie notamment de David Seidler, scénariste de The King’s Speech, qui avait souffert de bégaiement enfant, et lui a expliqué les angoisses générées par un trouble rapidement transformé en obsession – « toute l’existence s’en trouve conditionnée ».

Le résultat est proprement stupéfiant, qui trouve par ailleurs un ancrage humain fort dans l’amitié qui unira bientôt le souverain à Lionel Logue, son thérapeute du langage (Geoffrey Rush, impérial lui aussi) qui lui apprend à composer avec son problème: « Quand on entend son dernier discours, il n’a pas perdu son bégaiement, mais il a su transformer ses hésitations en force dramatique, et laisser son propre rythme prendre le dessus. «  La voie royale pour les Oscars? « Il est beaucoup trop tôt pour en parler. Mais si les gens évoquent le film en ces termes, c’est assurément un fort bon début. «  Trop modeste, décidément…

TEXTE JEAN-FRANÇOIS PLUIJGERS, À LONDRES

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