Double actualité pour l’acteur britannique, qui mène l’enquête dans The International, de Tom Tykwer, avant de, tout prochainement, semer le trouble en compagnie de Julia Roberts dans Duplicity, de Tony Gilroy.

Entamée au c£ur des années 90, la carrière cinématographique de Clive Owen a connu un sérieux coup d’accélérateur avec le millénaire. Robert Altman, d’abord ( Gosford Park), Doug Liman, ensuite ( The Bourne Identity), faisaient appel à l’acteur britannique, qui gagnait bientôt ses galons de star, passant avec un même bonheur de Closer en Inside Man, de Children of Men en Elizabeth: the Golden Age. Portant beau la quarantaine, Owen a pour lui une indiscutable polyvalence – celle qui lui permet d’être crédible sous les traits de Louis Salinger, agent d’Interpol harassé enquêtant aux quatre coins du monde dans The International, de Tom Tykwer. Et d’user ensuite, avec un égal bonheur, de son charme d’ex-agent de sa Majesté auprès de Julia Roberts, pour semer le trouble dans le Duplicity de Tony Gilroy, attendu prochainement sur nos écrans.

Cette double actualité a le don de le mettre d’excellente humeur alors qu’on le retrouve, pro mais décontracté, dans un hôtel londonien. « J’ai toujours admiré le travail de Tom Tykwer, dont j’avais vu tous les films. C’est dire que j’ai été enthousiasmé à l’idée de tourner The International , un film dont la trame m’a rappelé les thrillers paranoïaques des années 70″, observe Clive Owen, non sans à propos. « Quant àDuplicity , son scénario s’est présenté à un moment où j’étais à court de projets intéressants. Je l’avais à peine refermé que j’ai téléphoné à mon agent, pour lui dire que c’était le bon. J’ai ensuite rencontré Tony Gilroy. Michael Clayton était terminé, mais n’était pas encore sorti, et j’ai été complètement soufflé par ce film. »

Une question de goût

De quoi, en tout état de cause, conforter l’acteur dans son choix. « De plus en plus, mes choix dépendent du réalisateur, explique-t-il. Avant, j’accordais la priorité au scénario, je recherchais essentiellement la qualité du rôle. Désormais, j’aspire à un équilibre: je me suis le plus épanoui au contact des meilleurs metteurs en scène, et tant Tom Tykwer que Tony Gilroy comptent parmi les plus talentueux avec qui j’ai travaillé. Un acteur a besoin à la fois d’un bon scénario et d’un bon réalisateur. »

En la matière, The International apparaît, pour ainsi dire, comme un cas d’école, thriller intelligent s’appuyant sur la maîtrise d’un metteur en scène comptant parmi les plus doués de sa génération – l’auteur, pour mémoire, de Lola Rennt et autre Heaven. « Pour moi, poursuit Clive Owen, être réalisateur est une question de goût. Et Tom a un goût impeccable et une prise exceptionnelle sur chacune des facettes de la confection d’un film. » Quant au scénario, « il tombait incroyablement à son heure, dans ce contexte d’effondrement du système financier mondial. A mes yeux, voilà un film qui, sans être dépressif, cynique ou pessimiste, explore et attire l’attention sur des éléments qu’il est bon d’avoir à l’esprit. Je n’en fais pas une priorité absolue, mais qu’un film comme celui-là pose un commentaire sur le monde est évidemment un plus… » Si The International embrasse le monde dans sa complexité, il n’y sacrifie pas pour autant son efficacité, ce qui fait également son prix. Le temps d’une fusillade au Guggenheim, à New York, le film prend même des allures de tour de force, la scène étant phénoménale dans sa conception comme dans son exécution. « Tom s’en est brillamment acquitté. On a construit deux immenses plateaux à Berlin pour la tourner. Pour la rotonde, on a dû construire le décor, grandeur nature, à l’extérieur du studio. Et il y avait un second plateau avec le lobby et les niveaux inférieurs. Nous avons tourné plusieurs semaines à Berlin, et un peu sur place, à New York. »

Le résultat est, pour tout dire, proprement soufflant. Au point de poser Salinger en rival de Bond, en qui Owen fut un temps pressenti? « Louis Salinger n’est pas un héros de film d’action. Mon boulot consiste à faire sentir au public que tout cela se produit vraiment – mon état, pendant cette scène, est surtout proche de la panique. Quant à une rivalité, pas du tout: je prends plaisir à tourner mes films, sans les opposer à ceux tournés par d’autres. » Ou comment garder le cap, qualité indispensable de l’agent naviguant en eaux troubles.

Entretien Jean-François Pluijgers, à Londres.

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