Sur les (grands) écrans comme ailleurs, il y a eu un avant et un après 11 septembre 2001. Prompt à céder à la parano, comme à sortir la panoplie de l’héroïsme de ses boys, le cinéma américain a trouvé là une manne que l’on n’oserait qualifier de providentielle; à quoi il faut néanmoins apporter la nuance d’une diversité d’approches, judicieusement traduite par le film collectif 09/01/11, qui voyait 11 réalisateurs d’horizons différents livrer, en 11 segments de 11’09 » et une image, leur perception des événements -un spectre allant de Claude Lelouch à Shohei Imamura, en passant par Sean Penn et autre Youssef Chahine.

Au-delà, et même s’il y eut des films pour s’en inspirer directement, comme le United 93 de Paul Greengrass ou le World Trade Center d’Oliver Stone, on parlera surtout d’imprégnation diffuse, celle qui habite aussi bien le 25th Hour de Spike Lee que le Spider-Man de Sam Raimi, sans même parler de l’estomaquant Bug de William Friedkin -il fallait assurément un cinéaste paranoïaque pour proposer une représentation aussi saisissante du climat qui s’imposa dans la foulée aux USA. Sans surprise, l’autorité vacillante de l’empire américain assortie à la teneur anxiogène de l’époque a par ailleurs généré son lot de films catastrophes, et autres projections (post-)apocalyptiques -voir I’m Legend et son New York déserté, ou encore The Road, mais aussi les innombrables déclinaisons d’une fin du monde que le cinéma pop-corn envisage en mode pyrotechnique. Quant aux errements de l’administration Bush à la suite des attentats, et l’engagement conséquent des Etats-Unis en Irak, ils ont sonné le réveil d’un cinéma politique dans la veine de la production des années 70 -de Syriana à The Green Zone en passant par les pamphlétaires Fahrenheit 9/11 et autre W; jusqu’au film de guerre qui y a trouvé de nouvelles expressions -voir le Redacted de Brian De Palma, ou le discutable The Hurt Locker de Kathryn Bigelow.

Dommage collatéral: l’incertitude de l’époque a aussi rejailli sur des studios américains plus frileux que jamais, et balançant les remakes et autres films de super-héros à tour de bras, comme si ces derniers y pouvaient quelque chose, n’en déplaise à… Spider-Man. Reste que l’impact des événements du 11 septembre sur la psyché de l’époque, c’est peut-être Christophe Honoré qui en a le mieux pris la mesure dans son bouleversant Les bien-aimés, comme s’il y avait eu là le glas de l’insouciance…

J.F. PL.

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