Cinéaste en tous genres

RICHARD FLEISCHER EST DOUBLEMENT MIS À L’HONNEUR, AVEC UN COFFRET SOMPTUEUX RASSEMBLANT TROIS FILMS POLICIERS, ET LA RÉÉDITION DE SON PÉPLUM BARABBAS.

Coffret Richard Fleischer

L’ÉTRANGLEUR DE LA PLACE RILLINGTON. AVEC RICHARD ATTENBOROUGH, JOHN HURT, JUDY GEESON. 1 H 51. 1970.

TERREUR AVEUGLE. AVEC MIA FARROW, DOROTHY ALISON, ROBIN BAILEY. 1 H 29, 1971.

LES FLICS NE DORMENT PAS LA NUIT. AVEC GEORGE C. SCOTT, STACY KEACH, ROSALIND CASH. 1 H 43. 1972. ED: CARLOTTA.

8

Barabbas

DE RICHARD FLEISCHER. AVEC ANTHONY QUEEN, JACK PALANCE, SILVANA MANGANO. 2 H 17. 1961. ED: SIDONIS. DIST: TWIN PICS.

7

L’entreprise de redécouverte de l’oeuvre de Richard Fleischer se poursuit. Après Violent Saturday et The Boston Strangler, parmi d’autres, ce sont trois films policiers tournés par le réalisateur américain à l’aube des années 70 qui font aujourd’hui l’objet d’une restauration, soit, dans l’ordre chronologique L’Etrangleur de la place Rillington (10 Rillington Place), Terreur aveugle (See No Evil) et Les flics ne dorment pas la nuit (The New Centurions).

S’ils ressortent au polar au sens large, il y a là, pourtant, trois films très différents. Se déroulant à Londres au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, 10 Rillington Place déploie sa trame, glauque, dans l’espace confiné d’un appartement vétuste -ce n’est pas pour rien que Fleischer avait tourné auparavant The Narrow Margin et 20.000 Leagues Under the Sea. C’est là qu’un jeune couple va faire la connaissance de John Christie, dont l’onctuosité dissimule un tueur assassinant des femmes avec une froide méticulosité. Un sujet que le réalisateur aborde avec sa rigueur et sa sobriété coutumières, pour signer un film d’un réalisme oppressant, dominé par la stupéfiante composition de Richard Attenborough. Changement de décor pour Terreur aveugle, modèle de thriller angoissant ayant pour cadre un cottage anglais où retourne Sarah (Mia Farrow, affolante), une jeune femme qu’un accident de cheval a laissée aveugle. Et bientôt plongée au coeur d’un drame dont qu’elle n’a qu’une conscience diffuse, le film, tourné à sa hauteur, se révélant aussi anxiogène qu’économe et maîtrisé. Du grand art.

Les flics ne dorment pas la nuit tient pour sa part de la chronique du quotidien de la police de Los Angeles au début des années 70. Fleischer y suit plus particulièrement l’équipe que forment Andy Kilvinski, un vieux briscard, et Roy Fehler, un « rookie » bientôt accro à l’adrénaline (George C. Scott et Stacy Keach, impeccables). Le réalisme et le souci d’authenticité de Fleischer font merveille, et le film offre une vision pénétrante d’une société américaine en train de se déliter, postulat n’ayant rien perdu de son acuité. Fort et amer. Comme toujours chez Carlotta, l’édition est exemplaire, ajoutant aux restaurations des compléments fouillés. Autant dire qu’il y a là un ensemble incontournable, à hauteur du talent d’un cinéaste majeur.

Enfin, témoignage de la polyvalence de Fleischer, Sidonis ressort pour sa part, également restauré, Barabbas, péplum que signait le réalisateur en 1961. Il y retrace l’épopée de Barabbas (Anthony Quinn), voleur laissé libre plutôt que le Christ par le peuple de Jérusalem. La lutte intérieure le dispute aux morceaux de bravoure (le combat de gladiateurs, avec un impérial Jack Palance), et le film, sombre, transcende allègrement les canons du genre…

JEAN-FRANÇOIS PLUIJGERS

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content