L’originalité formelle de REC est de présenter ses images comme si elles étaient filmées par un cameraman de télévision en plein reportage. L’homme accompagne une journaliste et une équipe de pompiers dans une mission aux apparences banales, mais qui va rapidement tourner au cauchemar absolu! Un artifice habile, tirant le cinéma de genre vers le (faux) documentaire comme le fit dès 1992 C’est arrivé près de chez vous. Venant sur les brisées du percutant Cloverfield, film de monstre aux images supposément retrouvées dans le caméscope d’un jeune New-Yorkais qui a vécu en direct l’attaque de créatures destructrices, le film de zombies de Balaguero paraît au moment où George A. Romero (créateur du genre) fait de Diary Of The Dead le film posthume, tourné en caméra digitale, d’un étudiant victime lui-même des morts-vivants.

Ces films s’ajoutent aux expériences menées par Brian De Palma dans son pamphlétaire et faussement documentaire sur la guerre en Irak Redacted, et par Paul Haggis qui, pour Dans la vallée d’Elah, donne une importance cruciale à une scène filmée avec son téléphone portable par un soldat américain dans le même pays. Force est de constater que quelque chose se passe en ce moment précis dans le paysage cinématographique mondial…

La nouvelle génération de spectateurs à laquelle s’adresse en priorité le cinéma de genre, est désormais nourrie dans sa vie quotidienne d’images prises au vol par des GSM et diffusées avec le succès qu’on sait sur des sites Internet comme YouTube et Dailymotion. Le regard habitué, voire formé, à ce mode particulier de captage du réel, appréciera-t-il d’en retrouver l' »esthétique » dans des films de fic- tion? Au-delà du gimmick astucieux, REC, Cloverfield et Diary Of The Dead font en tout cas un pari sur cette émergence. Et ils ne resteront pas longtemps isolés. Car face à de grands spectacles de plus en sophistiqués où le relief en plein boom ajoutera encore un « plus » technologique, le réalisme cru, les tournages « à la sauvage », trouveront leurs défenseurs, fascinés par une nouvelle définition de la réalité à l’écran. Et aussi sans nul doute leurs créateurs, la génération GSM devant rapidement voir sortir de ses rangs les cinéastes de demain…

L.D.

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