Chroniques de jeunesse

© ÉDITIONS DELCOURT, 2021 - DELISLE

Guy Delisle a des dispositions exceptionnelles dans deux domaines: la maîtrise du mouvement et, surtout, l’art de traduire en récit passionnant la vie de tous les jours. La première aptitude, il l’a apprise durant ses études d’animation à Toronto. C’est d’ailleurs grâce à cette formation, qui l’a mené en Extrême-Orient, qu’il se lance dans ses premières BD. La deuxième, si elle peut s’apprendre dans les écoles, relève davantage du « don ». Cette fois, il ne nous relate pas les moeurs étranges des habitants de pays éloignés, mais celles d’une communauté en voie de disparition dans nos contrées et totalement invisible pour qui n’en fait pas partie: les ouvriers. Son père étant ingénieur dans une usine  » de pâte et papier« , c’est tout naturellement là que Delisle va trouver  » sa première job » -en québécois dans le texte. En fin observateur, il décrit ce monde étrange qu’est le travail en usine, ses codes, ses manies… Fidèle à lui-même, il ne se mêle jamais vraiment aux autres. D’abord, parce qu’il y règne un bruit assourdissant et que la communication très basique se fait par gestes la plupart du temps. Ensuite, parce qu’il est collégien et qu’il ne fait pas partie du même monde. Les passages dans les cabines insonorisées  » pour souffler un coup » sont les seuls moments où un vrai échange avec les autochtones est possible. C’est là qu’il reçoit leurs conseils et avis mitigés quant à ses futures études. Car Delisle ne se contente pas de nous parler de son travail, mais également de ses interrogations quant à son futur. En véritable anthropologue, il poursuit son observation du genre humain -lui compris-, avec son style et son graphisme épurés reconnaissables entre tous, mêlant humour, empathie et émotions.

Chroniques de jeunesse

De Guy Delisle, éditions Delcourt, 136 pages.

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