Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

BIG FUN – Une dizaine de classiques de la musique techno revisités par un quartet jazz, le tout enregistré en une petite journée. Epatant.

« Christian Prommer’s Drum Lesson »

Distribué par Sonar Kollektiv/Lowlands. En concert, le 16/04 à Courtrai (De Kreun), et le 17/04 à Louvain (Depot).

Les rencontres les plus invraisemblables sont parfois les plus belles. Marier les contraires, associer les extrêmes ou simplement rapprocher des inconnus, cela provoque en effet souvent des étincelles. Et on ne parle pas forcément de l’idylle Bruni-Sarkozy, ni même de l’improbable retour en grâce de Paul Simon chez les groupes indie new-yorkais…

A ce petit jeu-là, Christian Prommer n’a pas de grand mérite: il n’a jamais su choisir. L’Allemand a toujours eu deux amours, la techno et le jazz. Soit deux des révolutions musicales les plus importantes au sein des musiques populaires du XXe siècle. Mais aussi deux genres séparés par une révolution technologique. Certes, la techno a souvent fait un pas vers le jazz. L’inverse est moins vrai. Il y a eu Maxence Cyrin qui reprenait Aphex Twin au piano ou, plus récemment, Francesco Tristano qui se frottait à Autechre ou Jeff Mills. Christian Prommer pousse encore les choses un peu plus loin. Partie prenante de projets aussi capiteux que Fauna Flash ou le Trüby Trio, il a voulu s’attaquer au Strings Of Life du pionnier Derrick May. Du lourd donc, du mythique même, le morceau étant toujours considéré comme l’un des titres fondateurs du mouvement techno. Objectif: en donner une relecture jazz qui puisse être malgré tout jouée dans les clubs. Il multipliera les essais pour finalement s’arrêter sur une formule assez radicale, virant presque latin-jazz, en quartet complètement acoustique.

A L’ANCIENNE

Le titre est à ce point réussi que le label Sonar Kollectiv l’encourage à enregistrer un album complet sur le même principe. Cela donne Drum Lesson, un premier volume qui multiplie les coups de force. Sont ainsi passés en revue des classiques de la musique électronique comme, entre autres, le Trans Europa Express de Kraftwerk, Beau Mot Plage d’Isolée, Higher State Of Consciousness de Josh Wink, ou même Around The World de Daft Punk. En tout, ce sont une dizaine de reprises qui seront enregistrées en une journée à peine, à l’ancienne, « scénarisées » par Christian Prommer, et exécutées par un quartet formé de Roberto Di Gioia (piano), Wolfgang Haffner (batterie), Ernst Ströer (percussions) et Dieter Ilg (basse). Cerise sur le gâteau: le disque a été mixé par Peter Kruder, qui, malin, a évité de gommer les aspérités de la session, pour en faire un bloc bouillonnant, toujours compact, même lorsque l’un ou l’autre s’échappe en solo. Le résultat? Rigoureusement épatant. Un deuxième volume est déjà en préparation, mais cette fois-ci, le principe devrait être inversé: des pointures de la musique électronique se feront les curseurs sur des titres-phares du jazz. On est pressé d’entendre ça!

u www.myspace.com/christianprommer

LAURENT HOEBRECHTS

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