Michel Verlinden
Michel Verlinden Journaliste

SWINGING BAMAKO – Le Fotomuseum d’Amsterdam donne la parole au photographe malien Malick Sidibé. Parcours au travers d’une galerie de portraits d’une incroyable vitalité.

Au Foam, 609 Keizersgracht, à Amsterdam. Jusqu’au 8/10.

Depuis qu’il est entré en photographie, Malick Sidibé a un credo. Il le formule comme suit:  » Photographier, c’est comme écrire. » Le Malien arrache ses photos au temps, il shoote contre l’oubli. C’est comme cela qu’il a commencé, c’est comme cela qu’il finira. Son métier, il le débute en 1958, au moment où le Mali échappe à la botte coloniale. Formé comme bijoutier, il croise un Français, Gégé la Pellicule, qui lui met le pied à l’étrier.

Sidibé comprend vite qu’il y a quelque chose de spécial dans l’air, une effervescence particulière qui nécessite d’être fixée. Le Mali devenu libre s’accompagne de l’essor d’une jeunesse radieuse. Une sorte d’âge d’or yéyé plein de fêtes et de journées à la plage. Le moment où l’on découvre les filles, le fun et la vie. Sidibé appelle ça  » le temps des disques« . Avec son appareil forcément argentique à l’époque – un registre qu’il ne quittera jamais -, il sillonne les rues pour capturer ces  » explosions de joie et d’insouciance« . Dans le viseur, la plupart du temps sous forme de portraits, il immortalise des jeunes gens au look imparable. L’inventivité des années soixante couplée à la beauté des peaux noires fait merveille. Ici, un couple danse le twist. Plus loin, un duo de copains balade une énorme radio. Ailleurs, un bain de mer rassemble tous les garçons et les filles.

BLACK IS BEAUTIFUL

En 1962, Sidibé passe à la vitesse supérieure. Il ouvre son studio à Baga-dadij, un quartier populaire de Bamako. Ce lieu tout simple – encore ouvert aujourd’hui alors que Malick à 72 ans – va voir affluer tout ce que la capitale malienne compte de « gueules ». Dandys stylés, rois de la sape, boxeurs, enfants radieux ou couples enamourés… Black est vraiment beautiful. En marge, il improvise même des séries qui racontent ses obsessions. Telles ces Maliennes photographiées de dos dont la silhouette rend hommage à la beauté des pagnes africains. A travers plusieurs dizaines de clichés, l’exposition du Foam restitue avec précision l’atmosphère d’un Mali joyeux, loin des clichés d’une Afrique famélique. Ceci dit, de l’aveu même de Sidibé, il s’agit d’un temps révolu qui, à ses yeux, ne reviendra jamais. Nostalgique dans le c£ur, il s’emploie aujourd’hui à photographier la vie des paysans, autre monde en voie de disparition.

www.foam.nl

MICHEL VERLINDEN

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