C’est le Brésil

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Originaire de São Paulo, Sessa joue dans la cour de Caetano Veloso et d’un jeune Devendra Banhart. Splendide.

Un percussionniste minimaliste, trois choristes divines… On s’est laissé happer par Sessa sous le soleil canadien à côté d’un petit marché artisanal au fin fond du Québec à l’occasion du Festival des musiques émergentes. Membre du groupe de rock psychédélique brésilien Garotas Suecas et collaborateur de Yonatan Gat (le fondateur et guitariste du band israélien Monotonix) qui a d’ailleurs produit l’album, le garçon n’est pas un oiseau tombé du nid mais se veut encore plus agréable à écouter gazouiller le matin pour un réveil en douceur. Sessa chante en portugais et débarque tout droit de São Paulo où il a grandi dans une famille juive séfarade. Il dit entretenir une relation fluctuante avec la religion mais la spiritualité a à la fois marqué sa vision du monde et sa mélomanie. Cet album en tout point formidable rapproche la sexualité, le toucher et la musique comme des formes de transcendance spirituelle. « Grandeza , dit-il, est un album sur le geste d’amour et la douceur du corps humain. » Il reflète aussi sa passion pour la musique brésilienne, dans ses nombreuses formes et couleurs.  » J’aime penser qu’elle existe quelque part au milieu des rituels qui célèbrent la vie. C’est un rappel qu’au milieu de toute la douleur, la musique vient réaffirmer la beauté de l’existence. » Celle de Sessa n’est pas sans rappeler la finesse d’un Caetano Veloso et du moins célèbre mais hautement recommandable Arthur Verocai. Elle évoque aussi avec insistance les premiers pas dépouillés et hispanophones de Devendra Banhart, la nudité mystique de Leonard Cohen.

Folk délicat, pop soyeuse, tropicalisme, jazz cosmique… Grandeza est un peu tout ça à la fois. Sessa l’a écrit et enregistré entre São Paulo et New York pendant une période nomade de sa vie. Et s’il brille, étincelle même, par sa diversité, c’est vers le mode de fonctionnement du singer-songwriter sud-américain qu’il faut se tourner. Sessa avait pris l’habitude de louer une piaule en rentrant de tournée et d’y écrire des chansons. Puis de rassembler deux ou trois morceaux, d’embarquer un groupe (un saxophoniste par-ci, un trompettiste par-là) et de trouver un petit studio ou une grande pièce pour les arranger et les enregistrer avec une propension à l’improvisation.

C'est le Brésil

Grandeza se la joue tout dépouillé et délicat à la guitare acoustique. Tesão Central laisse le micro à ses choristes et à son percussionniste. Gata Mágica a la langueur de Chico Buarque. Infinitamente Nu se termine comme un morceau d’Eddie Gale, là où Tanto se promène encore plus franchement du côté du jazz. À la fois fragile et aventureux, Sessa n’est pas juste l’une des plus prometteuses voix du nouveau Brésil, c’est aussi l’un de ses artistes les plus excitants.

Sessa

« Grandeza »

Distribué par Boiled Records.

9

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