Cate power

La redoutable guitariste galloise Cate Le Bon a composé son nouvel album au piano en fabriquant des meubles. Le disque de la consécration?

Elle s’est fait repérer en assurant il y a une douzaine d’années les premières parties du Super Furry Animal Gruff Rhys, elle a sorti deux albums sous le nom de Drinks avec Tim « White Fence » Presley, et a produit Why Hasn’t Everything Already Disappeared, le dernier album de Deerhunter. Née Cate Timothy en 1983 dans les vertes collines du pays de Galles, celui de Ian Rush, Ryan Giggs et Mclusky, Cate Le Bon n’a pas qu’un joli curriculum vitae et un méchant carnet d’adresses, elle possède aussi l’un des jeux de guitare les plus particuliers et originaux de son temps. C’est pourtant sur les touches d’un piano qu’est né et qu’a grandi son cinquième album.

Reward a été imaginé à Cumbria, un comté essentiellement rural du nord-ouest de l’Angleterre. L’un des moins densément peuplés du pays avec ses 74 habitants au kilomètre carré. Après une dizaine d’années de studios et de tournées, d’enregistrements et de concerts, Le Bon avait besoin d’air et d’évasion. Elle a loué un cottage dans le parc national du Lake District, au milieu des lacs, des montagnes et des rivières. Et est partie y vivre en solitaire pendant quasiment un an, comme l’aurait fait, dit-elle, un prof à la retraite. Là-bas, la singer-songwriteuse est redevenue une élève. Passionnée d’architecture et de design, Le Bon est retournée sur les bancs de l’école et a appris à fabriquer des meubles. Se chantant des chansons et se jouant du piano le soir dans le simple but de s’occuper et de se divertir.

Cate power

Faire des choses de ses mains pour s’aérer le cerveau. Bricoler pour méditer. S’isoler pour se retrouver. L’auto- apitoiement aussi, loin des autres, pour se libérer… Reward explore la mélancolie de la solitude, chante les amours perdues et expose la Galloise dans toute sa magnifique singularité.

Presque entièrement écrit et composé au piano, Reward a été enregistré en Californie, dans un studio résidentiel sur une montagne surplombant l’océan, avec une panoplie plus diversifiée d’instruments (notamment le saxophone très présent de Stephen Black alias Sweet Baboo) et l’intervention de collaborateurs habituels ou non: Stella Mozgawa de Warpaint, le guitariste des Red Hot Chili Peppers Josh Klinghoffer, le fidèle H. Hawkline (Devendra Banhart, Aldous Harding…) ou encore Kurt Vile, qui donne de la voix sur Magnificient Gestures.

Deuxième single extrait de l’album, Home to You en est un peu la pierre angulaire. Une espèce de comptine hantée, genre China Girl au ralenti fredonné par Nico. Ensorcelant, vulnérable, déstructuré aussi comme ce Mother’s Mother’s Magazines qui pourrait être l’oeuvre de Drinks, Reward se présente comme le disque le plus personnel de Cate Le Bon et l’imposera aujourd’hui, demain ou dans 20 ans comme une des artistes vraiment marquantes de sa génération.

Cate Le Bon

« Reward »

Distribué par Mexican Summer/V2. Le 07/06 aux Ateliers Claus (Bruxelles).

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