Membre du jury fiction, Natacha Régnier a tenu, pour Focus, son journal du Festival.

Ouverture. Une semaine qu’on est là. On voit arriver tous les invités qui se sont fait un voyage de 24 heures porte à porte. Soirée d’ouverture – rencontres et retrouvailles, bon moment. Mais comment tiennent-ils debout?

Samedi. Premier film, premières émotions. La chaleur du dehors, l’opéra sublime et glacé. Moment de détente autour de la piscine, qui a une vue sur le Rio Negro. Tapis rouge et deuxième film. Soirée Lacoste dans un lieu magique. On commence à prendre le petit rituel de la caïpirinha et les discussions sur les films débutent.

Dimanche. Départ tous ensemble en bateau. Délicatesse des uns et des autres, un peu de presse, une douche habillée sur le ponton, la rencontre des deux eaux. On se sent tous concernés par l’écologie. Moment calme avec les filles. Tapis rouge, troisième film, sur la guerre. Impossible de ne pas pleurer en sortant. Besoin de marcher un peu. Dîner au Musée. Par la fenêtre, un orchestre. Une Brésilienne chante du Piaf avec une voix sublime. Impossible de dormir tout de suite. Avec Guillaume, on parle des films.

Lundi. Film iranien minimaliste. Les filles nous tirent un peu la tête, on part une nuit dans un autre hôtel sans elles. Départ en bateau. Traversée sur un hamac. La douceur du vent, le calme de la traversée, la joie d’être là. Arrivée à l’hôtel dans les arbres. Trois singes viennent manger près de nos fenêtres. Verre au bord de la piscine, caïpirinha, un gros orage, on a tous faim. Plus tard, un dîner sur la plage, de la musique, on danse. Avant de se coucher, les pieds oranges d’avoir trop dansé dans le sable.

Mardi. Balade dans la forêt. Tous en bateau, vu des dauphins, pas plongé avec eux. Déjeuner en haut des arbres, retour en bateau, toujours sur le hamac. Les filles sont contentes, elles ont aussi passé un bon moment. Film brésilien. Dîner à l’hôtel. On est fatigués, heureux d’avoir pu découvrir la magie de la forêt.

Mercredi. Sixième film, Samson & Delilah. Coup de c£ur unanime. Jamais fait un jury où les sensibilités sont si proches malgré des horizons très différents. Grande joie de tous nos échanges. Le film de Hugh Hudson. Nastassja Kinski, Al Pacino, et le petit garçon, sublime. Décidément, notre jury ne veut pas décoller. Un café brésilien, de la bière et des sandwiches. Tapis rouge. Les Orpailleurs. Ça me rappelle le moment passé dans la forêt. Malheureusement, le film est maladroit malgré ses images fortes. Un bateau, un restaurant sur une autre rivière, perdu au milieu de la forêt. Des bougies, découverte des plats traditionnels. Toujours le jury collé ensemble. Malgré la chaleur, j’ai froid. Moment délicat.

Jeudi. Whisper with the Wind, autre coup de c£ur général. Petit passage à l’Ecoboutique. Oui, les films aident aussi à transmettre des messages. Délibération. On est tous heureux et contents de la subtilité des échanges, autant cinéphiliques que historiques, politiques et écologiques. Sans oublier des moments de rire, John mimant une scène de Godard. Tous les films sont considérés, aucune parole n’est tue, tous heureux du palmarès. Déjeuner avec les filles. Une noix de coco au bord de la piscine, les filles rient. Elles ne veulent pas qu’on parte sur le tapis rouge.

Soirée de clôture. Pas envie de se décoller du jury. Cérémonie chaotique et festive. Beau feu d’artifices, spectacle traditionnel haut en couleurs, fête trop bruyante. On va tous boire un verre à l’hôtel. La semaine fut intense, de magnifiques rencontres, de très beaux films, l’Amazonie qui nous a changés. Le sommeil nous happe, encore quelques moments tous ensemble. L’Amazonie a eu la force de faire tomber les petits masques de protection des uns et des autres. Les gens de l’organisation nous ont fait vivre vraiment une semaine exceptionnelle. L’authenticité qui est ressortie de tout cela nous a tous apaisés et grandis.

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