De Alain Fleischer, éditions Actes Sud Junior/La Cinémathèque française. 88 pages.

Collection à vocation pédagogique coéditée par Actes Sud et la Cinémathèque française, Atelier Cinéma s’enrichit d’un précieux petit volume consacré à la caméra; un essai judicieusement confié à Alain Fleischer, artiste multiple – cinéaste, photographe, auteur,… -, quand il ne dirige pas le Studio national des arts contemporains du Fresnoy. « Il suffit d’avoir une caméra pour pouvoir faire du cinéma, me suis-je dit, vers l’âge de quatorze ans. Dès lors, j’ai tout fait pour en acquérir une », écrit-il en prologue à un ouvrage en forme de déclaration d’amour, mais aussi de promenade dans l’histoire du Septième art à travers son instrument privilégié. Découpé en séquences plutôt qu’en chapitres, Caméras s’attache dans un premier temps aux origines de la caméra, entre étymologie et pré-cinéma, avant de s’atteler à son historique. Le propos est d’autant plus passionnant qu’il déborde le cadre strictement technique pour embrasser une perspective plus vaste. Par caméra interposée, voilà en effet le lecteur promené dans les coulisses du Septième art; baladé de studio hollywoodien en nouvelle vague; de production lourde en production légère – distinguo joliment illustré par deux exemples empruntés à l’£uvre de Jean-Luc Godard, Le Mépris et A bout de souffle -; passant encore du Cinémascope au téléphone portable, l’auteur s’employant à illustrer l’impact d’évolutions techniques sur l’acte créatif même.

Mouvements d’appareil, look des opérateurs, types de pellicule, modèles de caméra, lexique, filmographie, Fleischer privilégie par ailleurs une approche panoramique d’un sujet qu’il rend accessible sans jamais céder à la facilité. Démarche qu’il assortit d’ailleurs de l’une ou l’autre invitation à la réflexion. Ainsi lorsque, évoquant les évolutions les plus récentes de la caméra, il écrit: « Ce qui menace aujourd’hui le cinéma, ce n’est pas son changement de technique et de support en faveur de la vidéo: c’est que, au je du cinéaste qui filme, soit préféré le jeu vidéo.  »

J.F.Pl.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content