Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Casa Calexico – Après en avoir décontenancé plus d’un avec Garden Ruin, Calexico retrouve les grands espaces. Et les hauteurs.

« Carried to Dust »

Distribué par Quarterstick.Calexico restera toujours un groupe à part. A la fois terriblement américain et complètement cosmopolite. Depuis Tucson, Arizona, Joey Burns et Joey Convertino mettent en effet en musique un décor US typique: de grands espaces, des déserts, une nature sauvage et rebelle. Mais dans le même temps, le duo n’a jamais cessé de jouer l’ouverture. Y compris dans son line-up: aujourd’hui, une moitié du groupe de base est… européenne.  » Les Allemands, par exemple, amènent une certaine forme de minimalisme, explique Joey Burns. Ils sont super pour ça. Martin Wenk (trompette) adore les trucs un peu kitsch, mais aussi Johnny Cash, la country. Volker Zander aime lui les trucs plus expérimentaux, Sun Ra, etc. D’ailleurs, il ressemble à Holger Czukay de Can, et Martin davantage à Johnny Hallyday (rires). Mais tous les deux vivent toujours en Europe. Ils ont assez tourné en Amérique pour la laisser derrière eux. Ils sont malins! (rires) ».

CHASSEURS DE TEMPêTES

Groupe de frontières, Calexico a donc toujours mêlé folk et trompettes mariachi, guitare blues et chansons planantes. Classicisme et expérimentations aussi. Même si pour Calexico, l’inédit a parfois consisté à adopter un format plus carré, comme sur le précédent Garden Ruin.  » Cela a pu déstabiliser certains de nos fans hardcore, confesse Burns . Ils nous disaient: Pourquoi faites-vous ça? Il y a déjà des tonnes de groupes qui sonnent comme ça. Je comprends d’où cela vient: Garden Ruin explorait quelque chose de plus « dansant », et jouait moins sur les ambiances et les espaces. Notre nouvel album renoue avec ça et je serais curieux de voir si les gens noteront la différence. Peut-être qu’ils n’y verront que du feu… »

Carried To Dust retrouve en effet l’esprit qui a pu régner sur un album comme Feast of Wire (2003). C’est plutôt une bonne nouvelle. Cela passe notamment par un tas de collaborations – l’ouverture toujours: avec Sam Beam (Iron & Wine), ou Douglas McCombs (Tortoise). La bio accompagnant le disque le présente également comme une sorte de road-movie. Celui d’un scénariste télé qui profite de la grande grève de la fin 2007 pour partir à l’aventure, en quête d’inspiration.  » Disons que c’est une des histoires du disque, explique Joey Burns . En fait, je dois bien avouer que je regarde très peu la télé. Parfois, je tombe sur ce programme, Storm Trackers : des gars qui partent à la chasse aux cyclones et aux tempêtes. C’est tellement bizarre qu’on ne peut s’empêcher de jeter un £il en rigolant. La plupart du temps, il ne se passe rien! En même temps, la nature est un de ces thèmes qui se retrouve dans quasi chacun de nos disques. » Plus généralement, le thème du voyage a servi de fil rouge. Comme celui que Calexico a fait l’an dernier pour la première fois en Amérique du Sud, au Chili et en Argentine. Cela s’entend dans certains arrangements ou certains titres comme Victor Jara’s Hands. Quand Pinochet est arrivé au pouvoir, Victor Jara fut emprisonné et torturé, avant d’être assassiné.  » Quand il était dans les geôles chiliennes, on lui a brisé les mains, la pire des choses pour un musicien. C’est une image très forte. » Il n’est évidemment pas interdit d’y voir des parallèles avec l’une ou l’autre actualité plus récente…

www.myspace.com/casadecalexico

En concert le 13/10, à l’Ancienne Belgique, Bruxelles.

Laurent Hoebrechts

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