PROTÉGÉ DE NOEL GALLAGHER ET NOUVELLE COQUELUCHE D’UN FOLK ROCK BRITANNIQUE QUI AIME L’AMÉRIQUE, LE JEUNE ET TALENTUEUX JAKE BUGG SE RACONTE AVANT UN CONCERT, SOLD OUT, AU BOTANIQUE.

Le roi Usain a été introduit par l’une de ses chansons, Lightning Bolt, à la télé anglaise avant de remporter la finale du 100 mètres aux Jeux Olympiques de Londres… Jake Bugg n’a pas de l’or dans les jambes. Il en a dans les mains. Les mains et cette caboche d’Anglais qui le feraient facilement passer pour le petit frère de Miles Kane. Né la semaine où Definitely Maybe d’Oasis est devenu numéro 1 des charts et récemment embarqué par Noel Gallagher en tournée, Jacob Edwin Kennedy affole à seulement 18 ans (19 d’ici quelques jours) l’industrie du disque avec ses faux airs de Johnny Cash et de Bob Dylan.

La musique, il est tombé dedans à douze balais en regardant les Simpsons. Pas à cause de Lisa et de son saxophone… « Cet épisode contenait la chanson Vincent. J’ai cherché de qui elle était. J’ai découvert Don McLean et je me suis intéressé au reste de son oeuvre, à ses influences comme Buddy Holly et les Weavers. Je ne pouvais pas me payer beaucoup de disques mais j’avais Internet. »

Pendant ce temps, ses potes se gavent de hip hop, de dubstep, de grime… « On n’écoutait pas les mêmes trucs mais ils respectaient. Il n’y a vraiment pas grand-chose à foutre, tu sais, dans le bled dont je suis originaire. Tu glandes dans la rue. Tu joues un peu au foot. Tu déconnes. Tu fumes. Tu picoles. C’est ce qu’on faisait. »

BBC Introducing…

Fils d’un infirmier et d’une vendeuse, Bugg a grandi à Clifton dans la banlieue de Nottingham. Ville violente considérée au milieu des années 2000 comme la capitale anglaise du crime. « Ça va mieux maintenant« , assure-t-il.

A quatorze piges, le gamin apprend à chanter allongé sur son lit en écoutant au casque les Beatles et Johnny Cash. Il se fait virer de l’école après avoir insulté un de ses profs. « Ce n’était pas fait pour moi, mec. Non que j’ai du mal avec l’autorité et les gens qui décident à ma place. Juste une question de respect. Je n’ai aucun regret. »

Forcément. Tout a été vite, très vite, mais pas trop à en juger par la qualité de son disque et de ses concerts, dans la jeune carrière de Jake Bugg. Jake s’est révélé via l’entremise de BBC Introducing, site de la chaîne publique britannique dédié aux jeunes artistes sans contrat discographique. « A quinze ans, j’ai commencé à me faire connaître, à jouer par-ci par-là, à montrer ma gueule. A 17, je signais un contrat et aujourd’hui me voilà« , résume un jeune type au regard franc pas impressionné pour un sou par tout le boucan et le barnum qui l’entourent.

Son premier album marche sur les traces de Johnny Cash et de Bob Dylan. « Ces mecs ont toujours fait ce que bon leur semblait. Ils ne suivaient pas une tendance et essayaient encore moins de ressembler à quelqu’un. Cash était unique. Il n’avait pas la meilleure voix, n’était pas le meilleur des guitaristes mais il écrivait des paroles formidables et personne n’aurait pu le remplacer. » Le tout est saupoudré de pop, de folk et de rock anglais. Les La’s, Donovan, la clique Arctic Monkeys…

Poe, Pelé, Bada$$…

« Je savais que je voulais courir le monde et jouer mes chansons mais je ne me doutais jamais que ça finirait par arriver. » Avant ses trois semaines avec Noel aux Etats-Unis où son jeune âge lui interdisait de boire de l’alcool (« l’enfer« ), Jake n’avait jamais mis un doigt de pied en dehors du Royaume Uni. « Ça a été une expérience. Une source d’inspiration aussi. C’était un peu comme dans un film. Je n’ai pas eu le temps de me promener dans Greenwich Village mais j’en aurai encore l’occasion. »

Le garçon est confiant. Pas arrogant mais sûr de lui. « Ceux qui se demandent déjà en enregistrant leur premier album s’il y en aura un deuxième feraient mieux d’arrêter tout de suite. Quand tu es songwriter, tu écris des chansons, non? »

En même temps, la plume de Jake Bugg est trempée dans l’encre d’un Alex Turner, d’un Mike Skinner et ses arrières semblent déjà assurés. Jake a signé un contrat de quatre disques avec Universal. Le premier, sobrement intitulé Jake Bugg avec sa tronche sur la pochette, n’est pas issu de sessions proprement dites. « Les chansons ont été enregistrées dans plein d’endroits différents. Un studio à Liverpool. Chez des potes. Et même sur mon iPhone (Fire). »

Outre les nouvelles d’Edgar Allan Poe, les paroles de Leonard Cohen, Nick Drake, Forrest Gump -« si mon disque était une bande originale, ce serait celle d’un film qui parle de moi ou probablement d’un western« -, le fantastique, les jeux vidéo et le rappeur Joey Bada$$, Bugg aime le foot, Pelé, FIFA et Notts County.

« Pelé a toujours essayé des trucs. Il expérimentait à sa manière. Puis, il était passionné. C’était un artiste. Quant à County, qui morfle pour l’instant, c’est le plus vieux club de foot professionnel d’Angleterre et du monde. Il vient d’avoir 150 ans. J’essaie d’aller les voir autant que je peux mais dès que je suis à la maison, ils jouent à l’extérieur. »

Bugg est aussi client de biopics (Ray, Walk The Line…). A lu la biographie de Donovan. « Jimmy Page joue sur un de ses albums. Il a glandouillé avec Jimi Hendrix. Plutôt cool non? Tu apprends avec ce genre de bouquin comment les autres ont géré leur carrière. Tu vois les conneries et les emmerdes à éviter. Le genre de mecs que tu peux croiser dans le business… »

Intéressant pour un petit gars qui, prétend la presse, veut empêcher cette daube de X Factor de trôner sur les charts. « C’est de la daube en effet, achève-t-il. Ça devrait être le job de tout le monde de combattre cette émission en fait. X Factor ne parle pas de musique. C’est juste un concours de popularité qui tourne toujours autour de producteurs se demandant quels candidats le public préférera. »

RENCONTRE JULIEN BROQUET

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content