Highway To (Pix)Hell –
Brütal Legend transforme Jack Black en roadie. Un jeu mi-sarcastique et mi-hommage au heavy metal par le créateur barré de Monkey Island.
édité par Electronic Arts et développé par Double Fine, âge NC, prévu sur PlayStation 3 et Xbox 360. Sortie: 16/10.
Doté d’un rare sens du loufoque et de la dérision, Tim Schaffer a décroché de nombreuses mâchoires au fil de sa carrière. Ses dialogues jubilatoires autant qu’absurdes – biberonnés au Sacré Graal des Monty Python – ont ainsi fait les beaux jours de jeux aventures click and play emblématiques des années 90. The Secret Of Monkey Island et Grim Fandago en témoignent. A la barre de Double Fine Production depuis son départ de Lucas Arts (1) il y a huit ans, le plus british des game designers US tourne cette fois son joystick avec dérision vers le heavy metal des années 80 dans Brütal Legend. Une virée électrique et pétaradante entre beat them all et stratégie. Et surtout un festival folklorique un peu suranné d’imageries mortuaires, de mythologies mécaniques et d’ headbangers incontrôlables.
Aux super-héros policés, Tim Schaffer a toujours préféré les losers magnifiques. Ces marginaux que le rêve américain a abandonnés au bord de la route. En toute logique, Eddie Riggs, le héros de Brütal Legend n’est pas une rockstar mais plutôt un opiniâtre roadie renvoyant à deux personnages clefs de la ludothèque de Tim Schaffer. Hoagie, héros malgré lui de Day Of The Tentacle pourrait ainsi être le frère gras, chevelu et fan de metal d’Eddie tandis que Ben, biker clouté au centre de Full Throttle mériterait le titre d’oncle. Le hasard n’a d’ailleurs pas sa place dans Brütal Legend puisque le prénom d’Eddie renvoie à celui de la célèbre mascotte mortuaire qui fit les beaux jours (ou plutôt les belles nuits) d’Iron Maiden.
Basé sur les incroyables histoires d’un (vrai) roadie de Megadeth et criblé de références heavy metal influençant son gameplay, Brütal Legend plonge son protagoniste dans une dimension parallèle morbide mais fun. Un monde brutal où règne l’âge du métal. L’humanité y est réduite en esclavage par des démons.
Spinal Tap aux manettes
Bricolage et débrouille étant synonymes de roadie, Eddie Riggs – interprété par Jack Black dans la version anglaise -, tentera de lever une armée pour inverser la vapeur. Le tout à coups de poing, de hache (répondant au doux nom de The Separator) mais aussi de gratte électrique, façon Flying V libérant des sorts foudroyants. De quoi clouer sur place un des grands ennemis du jeu: le General Lionwhyte et sa chevelure « tellement fabuleuse qu’il peut voler avec ». Ou comment Tim Schaffer accuse ouvertement le glam métal d’avoir été responsable du déclin du heavy metal. Un remake jouable du vrai faux documentaire This Is Spinal Tap en quelque sorte.
Au-delà de cette approche beat them all, Brütal Legend déploiera également quelques phases de stratégie juteuses. Eddie Riggs libèrera ainsi des pouvoirs spéciaux l’amenant par exemple à contrôler des armées de headbangers dont les mouvements de la tête détruiront des décors. Riggs libérera des geysers de fans en installant des comptoirs de merchandising… Ambiance.
Articulé comme Grand Theft Auto dans un monde ouvert, Brütal Legend placera également le joueur au volant d’un Hot Rod (2). Montagne aux versants sculptés en forme d’ampli, arbres à pneus, temples tapissés de spandex, mines d’esclaves à la recherche de pièces automobiles, Tim Schaffer s’est défoulé pour prendre le joueur par la main et l’amener au c£ur de l’artwork d’une pochette d’album d’Iron Maiden. Ce dernier figurera d’ailleurs aux côtés de Motorhead, Judas Priest, Slayer et Helloween dans la bande-son du jeu. Rock on! l
(1) Le studio de jeu vidéo créé par George Lucas.
(2) Ancêtre automobile US d’avant-guerre hyper customisé.
Infos: www.brutallegend.com
Michi-Hiro Tamaï
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