Borgo Vecchio

Dans le quartier d’une ville jamais nommée mais qu’on imagine être Palerme, Mimmo (le fils du boucher qui triche sur les quantités) et Cristofaro (dont le père a l’alcool dans les poings) se serrent les coudes contre les coups du sort. À leurs côtés gravitent Celeste, qui fait tourner la tête de Mimmo, sa mère Carmela, la prostituée qui officie sous l’oeil de la Vierge au Manteau, ou encore Totò, le voyou qui possède un pistolet dont les gamins se verraient bien faire usage. Le microcosme de départ est digne de Dogman de Matteo Garrone, entre misère sociale et traditions, mais Calaciura le transfigure en une scène où la tragédie peut s’infiltrer, trouver chair dans une langue imagée et burlesque. S’il y a de l’âpreté dans ce roman (bref mais pas sec), les accents proches du réalisme magique, entre poissons perchés sur les fils électriques par le cyclone et apparition miraculeuse de cheval empathique (pour un dernier tour de piste), sont légion. Mais, alors qu’un mariage joyeux est supposé venir sceller quelques solitudes et passifs, que les coups paternels semblent épargner provisoirement Cristofaro, un traître fait basculer ce délicat équilibre en identifiant une paire de boucles d’oreilles dérobées à des notables. Et toute possibilité de rédemption, alors, de se dissoudre violemment, et l’engrenage de la revanche de se mettre en marche…

De Giosuè Calaciura, éditions Notabilia, traduit de l’italien par Lise Chapuis, 160 pages.

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