Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

20.25 RTL-TVI

COMÉDIE DE LARRY CHARLES. AVEC SACHA BARON COHEN, KEN DAVITIAN, PAMELA ANDERSON. 2005.

On aime ou on déteste Sacha Baron Cohen et son humour agressif, provocateur, politiquement on ne peut plus incorrect. Déjà bien connu à la télévision, le comédien britannique a explosé au grand écran avec cet OVNI cinématographique qu’est Borat.

Quelques jours avaient suffi au film écrit et interprété par le gugusse pour devenir le triomphe surprise de la saison cinématographique aux Etats-Unis, où il filait déjà vers les cent millions de dollars de recettes avant même une sortie internationale qui allait confirmer son succès. Pourtant, le film à tout petit budget de Larry Charles n’y va pas de main morte dans sa mise à nu d’une Amérique aux préjugés utilement réveillés par la démarche provocatrice de Sacha Baron Cohen. Quand Borat, le reporter kazakh envoyé aux USA pour y faire un reportage sur le mode de vie local, entre par exemple dans une armurerie pour y demander quel est « le meilleur calibre pour tuer des juifs », on lui offre un conseil purement technique sans relever la nature particulière de la cible envisagée…

Il faut dire que le film est tourné à la manière d’un documentaire, avec la complicité involontaire de quidams saisis dans leur existence quotidienne où viennent se glisser avec malice l’acteur et sa fiction. Parfois, on en vient à ne plus très bien savoir ce qui est réel ou inventé, directe ou manipulé… On ne dit pas les réactions que le film a pu susciter au Kazakhstan, où l’énormité de la charge n’a pas empêché certains de prendre au premier degré les scènes peignant de manière ravageuse la vie rurale dans cette ex-république socialiste!

IMPOSTURE GÉNIALE ET DÉLIRANTE

Imposture géniale et délirante, Borat dynamite le politiquement correct avec une gourmandise évidente. Sacha Baron Cohen s’y impose en héritier féroce, scatologique et anarchisant, d’une tradition humoristique juive appréciant les valeurs de l’autodérision, Sacha Baron Cohen (né d’un père gallois et d’une mère israélienne) nous tend un miroir où, au-delà du rire, une certaine hypocrisie ambiante se voit utilement bastonnée à coup de gags énormes. Le récent Bruno, où notre gaillard incarne un homosexuel autrichien aussi assoiffé de célébrité qu’obsédé par la « chose » a montré que la formule pouvait à la fois s’adapter à d’autres sujets et souffrir d’une certaine répétition. Mais le plaisir donné par Borat reste intact! l

Louis Danvers

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