LE RETOUR DES SOIRÉES ROLLER, LA RAGE DU DERBY… DISCO OU PUNK, LE PRINTEMPS DEVRAIT ENFILER SES PATINS. ROULEZ JEUNESSE…
Les réjouissances se dérouleront le 29 février prochain. Ce soir-là, le Beursschouwburg lancera sa première roller skate disco party! Intitulée Roller Madness, la soirée devrait rassembler tous les ingrédients du genre: un ring autour duquel tourner (on bougera les meubles du café et du hall), un DJ et un MC fan de disco et de house music, une boule à facettes… Une cinquantaine de paires de patins seront disponibles, selon le principe du premier arrivé, premier servi. » C’est une première, on verra bien si le public répondra présent, explique Joke Huygens. Cela étant dit, jusqu’à un certain point, cela restera une soirée « normale ». Le lieu ne permet pas de faire tourner énormément de monde, et on pourra donc danser, même sans rollers. » N’empêche: il est amusant de voir l’un des lieux culturels branchés de Bruxelles raviver un genre longtemps catalogué ringard, colportant tout ce que la vague disco seventies a pu avoir de kitsch, voire de complètement tartignolesque. Dans son histoire du disco (l’essentiel Turn The Beat Around, éd. Allia), Peter Shapiro n’y va d’ailleurs pas par 4 chemins: « Probablement parce qu’elle était plus prolétaire que l’univers prétentieux du Studio 54, ou qu’elle s’adressait davantage aux adolescents qu’à d’élégants jeunes gens d’une vingtaine d’années, la roller disco résumait ce que les années 70 offraient de pire en matière d’engouement décérébré et niaiserie vestimentaire. » Et de rappeler par exemple les patins de Jack Nicholson, « des chaussures noires agrémentées de tubes verts en néon », ou encore le modèle de Cher, dont les roulettes se rétractaient comme un train d’atterrissage d’avion…
Temple disco
Largement outrancière, la rage du roller disco charrie pourtant une histoire bien plus riche qu’on ne le pense généralement, admet Shapiro. Si le patin naît aux Pays-Bas (les pistes de roller remplaçant en été les canaux gelés), il devient une nouvelle manière de danser dans les parcs de l’Angleterre victorienne des années 1880. La fièvre roller disco démarre elle un peu moins de 100 ans plus tard, du côté de Crown Heights (Brooklyn, New York). Dès le milieu des années 60, les patrons de l’Empire Rollerdome décident de remplacer le traditionnel organiste par un DJ. Au départ, le but est de faire des économies. Mais très vite, la sélection du DJ fait de la patinoire l’un des berceaux de la disco new-yorkaise. Shapiro raconte même que Larry Levan, DJ culte du Paradise Garage, y travailla comme « responsable des patins ». Quant à Peter Brown, DJ attitré de l’Empire, il relança son label P&P pour en faire avec le producteur Patrick Adams l’un des plus cotés auprès des amateurs de disco underground (le maxi Atmosphere Strutt, signé Cloud One).
Trente ans plus tard, les rollers retrouvent donc la piste de danse. Une conséquence de la tendance rétro-nostalgique, qui rend hype ce qui était encore tricard hier. Un groupe Facebook a ainsi été ouvert en souvenir du fameux Roller Skate de Wavre, fermé en 2003. Certes, il ne compte que… 16 membres, mais d’autres signes pointent. Les roller disco party ne tiennent désormais plus de la cornichonnerie un peu honteuse. Rien à voir encore avec Londres ou les Pays-Bas, toujours très clients de l’exercice, mais des villes comme Anvers ou Gand abritent de plus en plus souvent des soirées du genre. Moyen de déplacement écolo, le roller a d’abord trouvé les faveurs d’un nouveau public grâce aux roller parades, organisées chaque été un peu partout dans le pays. En 2012, l’édition bruxelloise de la promenade en patins devrait à nouveau rassembler à chaque fois entre 3000 et 5000 personnes.
Autre élément à ne pas négliger: l’engouement de plus en plus prégnant pour le roller derby. Ici, on passe du disco au punk. Plus question de déhanchements boogie mais bien de courses chahutées où les contacts n’ont rien de lascifs. Sport de mec pratiqué essentiellement par les filles, le roller derby postule même au titre de sport olympique. En Belgique, la ligue de derby compte par exemple en ses rangs une petite dizaine d’équipes, dont les Holy Wheels Menace de Liège ou les One Love Roller Dolls d’Anvers. Quant aux Blackland Rockin’ K-Rollers de Charleroi (www.facebook.com/brkrcharleroi), elles organisent le 4 mars prochain une séance de recrutement. Mesdames, mesdemoiselles…
TEXTE LAURENT HOEBRECHTS, ILLUSTRATION FLORENCE DUPRÉ LA TOUR
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