les amants criminels – Quarante ans après, Bonnie and Clyde de Arthur Penn reste un must incontesté, débordant largement le seul genre criminel.

De Arthur Penn. Avec Warren Beatty, Faye Dunaway, Gene Hackman. 1 h 53. Edité par Warner. Sortie: 23/04.

1967. Auteur, auparavant, d’un mémorable Left Handed Gun, où Paul Newman embrassait la personnalité de Billy the Kid, Arthur Penn s’attèle à recadrer une autre légende américaine, Bonnie & Clyde. Amants criminels flamboyants des temps de la Grande Dépression, ces derniers lui inspirent un film qui fera date dans l’histoire du cinéma – sa vision, quarante ans plus tard, demeure un moment d’une formidable intensité.

L’histoire de Bonnie Parker et Clyde Barrow, couple de jeunes Texans amoureux fous que la crise jette sur la route pour une équipée innocente un temps, sauvage bientôt, jusqu’en son sanglant dénouement, offre naturellement un étincelant matériau cinématographique Rompant avec la tradition alors en vigueur, Penn repousse toutefois les frontières du genre criminel, traitant sa matière avec un réalisme cru et un lyrisme sauvage – la scène finale reste, à cet égard, un modèle insurpassable. Il signe aussi un film résolument moderne, convoquant le mythe, mais l’envisageant notamment à travers le prisme de la sexualité. Et comment ne pas voir aussi dans Bonnie and Clyde le produit d’une époque bercée de vents contestataires, magnifiés à l’écran par Faye Dunaway et Warren Beatty?

Remarquable, le film bénéficie, dans cette édition anniversaire, de compléments à hauteur de sa légende, qu’ils soient historiques – avec un documentaire retraçant par le menu le parcours du gang des frères Barrow – ou cinématographiques.

NOUVELLE VAGUE

Le making of du film fourmille ainsi d’informations passionnantes. On apprend notamment comment, impressionnés par la Nouvelle Vague, les scénaristes Robert Benton et David Newman, proposèrent dans un premier temps le sujet à François Truffaut, qui le déclina parce qu’il travaillait à Fahrenheit 451. Truffaut eut toutefois l’occasion de parler du scénario à Warren Beatty, futur acteur / producteur du film, lequel sut vaincre les réticences initiales d’Arthur Penn, qui imposa divers changements (transformant, par exemple, la bisexualité de Barrow en impuissance). La suite appartient à l’histoire, celle d’un chef-d’£uvre qui faillit passer inaperçu, étant laminé en première exploitation, avant d’être relancé miraculeusement par un article dithyrambique de Pauline Kael…

JEAN-FRANçOIS PLUIJGERS

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