SHAW DEVANT – NOUVEAU COUP DE MAÎTRE POUR L’AUTEUR DE BOTTOMLESS BELLY BUTTON, QUI PART AU FESTIVAL D’ANGOULÊME AVEC UN EXCELLENTISSIME BODYWORLD SOUS LE BRAS.

DE DASH SHAW, ÉDITIONS DARGAUD.

Peu de formules sont aussi éculées que celle-ci: on adore ou on déteste. Il y a pourtant fort à parier que, pour le lecteur lambda, BodyWorld tienne un peu des 2. Sa couverture pourrait rebuter, avec ses couleurs criardes et cette étrange opposition entre des moitiés de personnages, collées comme des figures de cartes à jouer et dont les traits sont réduits à l’essentiel, et une explosion de peinture écarlate en arrière-plan. Le format, ensuite: vertical, la BD se lisant avec la reliure en haut; pas toujours très pratique… Le dessin intérieur, enfin, résolument « computerisé ».

Certes, mais pas seulement. Car commencer BodyWorld, c’est tout d’abord accepter de ne plus le lâcher avant d’achever la dernière de ses 384 pages. L’histoire? En 2060, Paulie Panther, botaniste camé jusqu’à la pointe des cheveux, enquête sur une plante mystérieuse poussant dans les bois de la petite ville rangée de Boney Borough. En fumant les feuilles, il se « connecte » aux personnes les plus proches, mêlant leur personnalité, leurs sensations, leur histoire aux siennes. Mais son caractère profondément anar et individualiste ne plaît guère à la communauté locale, où l’on pratique davantage la conformité aux règles. Une narration solide, passionnante, souvent surprenante.

Le contraste de la couverture, ensuite, n’est que la partie émergée d’un iceberg visuel des plus créatifs. Dash Shaw a totalement renouvelé son style depuis le remarqué et remarquable Bottomless Belly Button. Un design peut-être déroutant de prime abord, mais qui se voit électrisé en permanence par des flashs d’invention tout à fait étonnants.

 » L’avenir de la BD »

Quant au visage un peu « froid » du dessin et à la prise en main verticale, rappelons que BodyWorld, ce fut d’abord un site Internet (1) où Shaw postait ses dessins chaque semaine entre la fin de 2007 et le début de 2009. Il a conservé la présentation du Web-comic tout en y ajoutant, pour la version papier parue en avril dernier chez Pantheon et qui vient de sortir chez Dargaud, de nouvelles pages et images et en recomposant certaines séquences. Soulignons au passage que Shaw se dit particulièrement heureux de l’édition francophone, qu’il juge carrément meilleure que l’américaine…

Nominé aux Eisner Awards 2009 dans la catégorie Digital Comics, BodyWorld est repris dans la sélection officielle du prochain festival d’Angoulême. Il y affrontera notamment Asterios Polyp de David Mazzucchelli, qui dit de son compatriote de 27 ans:  » J’ai lu l’avenir de la BD, il a pour nom Dash Shaw. » La compétition s’annonce prometteuse. l

(1) TOUJOURS LISIBLE (GRATUITEMENT) SUR: WWW.DASHSHAW.COM/PRELUDE.HTML

VINCENT DEGREZ

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