Blood of the Virgin ****

© National

Dans les années 70 à Hollywood, le jeune Seymour, 27 ans, est à l’orée d’un double, voire d’un triple défi presque impossible: d’abord professionnel, en tentant de réaliser son premier long-métrage -un film de loup-garou (Blood of the Virgin) qu’il a presque fini d’écrire et qui le changerait enfin de son boulot de monteur; familial ensuite, pour tenter de sauver ce qu’il reste de son couple avec Ida, mis à mal depuis la naissance de leur fils; intime enfin, en tentant de comprendre ses racines (ou à défaut de renouer avec elles). Des racines multiples et complexes pour ce Juif d’origine irakienne et pour sa femme dont la maman, installée en Nouvelle-Zélande, a survécu aux camps de concentration… Il aura fallu à Sammy Harkham plus de dix ans et 300 planches -jusqu’ici publiées uniquement en épisode et en anglais dans les revues US Crickets et Kramers Ergot- pour venir à bout de ce grand œuvre très, voire trop, imposant. Il y offre autant une plongée très précise dans le Hollywood des seventies, version série Z et petites productions fauchées, que dans la psyché de ses personnages, voire dans l’univers graphique et narratif de Harkham lui-même. Il était connu jusque-là comme l’éditeur, justement, de Kramers Ergot, anthologie de référence de la BD alternative et souvent américaine de notre siècle, avec des auteurs tels que Chris Ware, Adrian Tomine ou Daniel Clowes pour ne citer que ceux dont il semble le plus proche. Tous partagent un certain goût de la ligne claire et du scalpel, tant pour fouiller les maux et les désenchantements de l’Amérique que pour creuser l’intime. Asphyxiant mais brillant.

© National

de Sammy Harkham, éditions Cornelius, 304 pages.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content