Si l’on s’en tient à la version officielle de la carrière de Jean-Luc Moerman, ça donne ça: « Son travail s’est fait connaître de façon internationale, notamment par son intervention in situ à Art Unlimited (Artbasel, Suisse, 2005), sa prestigieuse collaboration avec la marque de sacs Longchamp (à l’occasion des 60 ans de la marque, 2008), ses fresques et installations dans de nombreux lieux publics (Atomium, Bruxelles, 2006; ING Marnix, Bruxelles, 2012; Sportcomplex Drieburcht, Tilburg, 2013). Son travail a été exposé dans de nombreux musées (Mudam, Luxembourg, 2007; Moca, Shanghaï, Chine, 2009; Musée des Beaux-Arts de Calais, France, 2007) et Collections ou Fondations internationales, dans de nombreuses Biennales et Foires d’Art Contemporain internationales, ainsi que dans de nombreuses Galeries d’Art Contemporain. » En revanche, si on lui tend le micro, le résultat est nettement plus intéressant. Cet être essentiellement conjugué au présent a pour le moins une vision fragmentée de lui-même. Il se souvient être né en 1967 et « avoir passé pas mal de temps, enfant, dans les hôpitaux« . Une expérience troublante, renforcée par des parents peu communicants, qui l’a amené à appréhender le réel par le déplacement -« la nuit, j’arpentais les couloirs« . Autre fait marquant: son premier voyage au Japon, « pays où l’on ne pense pas comme en Occident« . Il explique: « Le bien et le mal ne relèvent pas, comme chez nous, de tiroirs différents. J’en veux pour preuve que les Yakuzas ont été les premiers à se rendre sur place lors de la catastrophe de Fukushima. » Moerman évoque également la naissance de ses enfants, un événement qui ne l’a pourtant pas modifié dans ses structures temporelles. « Quand on a vécu 37 ans dans le présent, on ne peut plus changer. J’ai toujours été comme ça. C’est la raison pour laquelle l’école ne me convenait pas, le futur qu’on voulait me vendre m’intéressait moins que le moment immédiat« . Le voyant en manque de déclics, on souffle des idées. Y a-t-il une exposition qui l’a marqué plus que les autres? Jean-Luc Moerman embraie sans hésiter: le travail effectué au B.P. S 22 en 2008. « Peindre, sans l’avoir prévu, une salle de gymnastique s’est révélé une expérience incroyable. Je me souviens d’une visite avec des jeunes super agressifs de l’IPPJ: dès qu’ils ont mis le pied à l’intérieur de la salle, toute la tension est retombée. Incroyable! J’ai également eu une expérience pas banale en investissant la Place du Carré des Arts pour Mons 2015. Un travail très physique -il a fallu mettre sept à huit couches- qui a débouché sur un sentiment incroyablement fort: habiter le coeur du réel« .

M.V.

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