Revue Minimum Rock’n’Roll. Ed. Disco-Babel/Le Castor Astral. 162 pages.

Le 1er juin 1967 est un grand jour pour les bigleux, les borgnes, les noeunoeils, pour tous les éclopés du globe oculaire (…): dès l’aube ce matin-là, des milliers de pieds ont trépigné devant les disquaires, puis des milliers de mains ont fouillé des milliers de poches (…) et ont tendu de quoi payer le nouvel album des Beatles, Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band. Alors, penchées sur la pochette sidérante, des milliers de paires d’yeux ont vu: les lunettes de John. » A quoi cela tient…

On ne porte jamais assez attention aux détails et à l’accessoire. La rédaction de Minimum Rock’n’Roll en est elle friande. C’est une drôle de publication, entre le fanzine rock et la revue littéraire. L’idée de départ?  » Parler de la moustache de Lemmy de Motorhead sur papier bible« , dixit Marie-Pierre Bonniol, responsable de la publication. Soit raconter le rock par le petit bout de l’ampli, mais sans pour autant brader le sujet. Et cela avec le plus de subjectivité possible – c’est plus drôle comme ça: le critique rock déjanté Lester Bangs ne trône pas pour rien au fronton du site Web de la revue. Du coup, on a rapidement pris l’habitude d’attendre avec curiosité sa livraison annuelle.

Le premier numéro de Minimum Rock’n’Roll, sorti en 2004, était par exemple consacré aux liens entre rock et poils en tous genres. Ont suivi entre-temps les voitures, les chaussures et les lèvres. Le dernier de la collection vient de paraître et s’attarde, on l’aura compris, sur les lunettes. Le thème peut paraître abscons: en fait, il est en or. Des foyers antisexy de Buddy Holly aux lunettes noires du Velvet Underground en passant par les « aviator » d’Elvis, ce n’est pas la matière et les références qui manquent. Une trentaine de signatures se prêtent ainsi au jeu. Comme celle de l’écrivaine Maylis de Kerangal, entrevue plus haut, et qui se penche sur l’influence du coming out de Lennon, révélant des lunettes longtemps refoulées. Charles Berberian (la BD Monsieur Jean) revient lui en dessin sur les binocles d’Om Kalsoum. David Le Simple perce le secret du cache-£il du chanteur Momus. Quant à Serge Coosemans, journaliste et expert autodécrété en « fulgurances, platitudes, et autres couillonnades », il s’attaque à ce grand bigleux de Marc Aryan. Bien vu…

L.H.

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