Billy Woods

« Aethiopes »

Embourgeoisé, le rap? Si certains de ses acteurs se sont installés volontiers dans le confort du mainstream, le genre n’a pas pour autant cessé de chercher et de proposer de nouvelles pistes. Quitte à se retrancher dans les marges d’un certain underground, à l’instar de Billy Woods. Fils d’une prof de littérature jamaïcaine et d’un intellectuel marxiste combattant de l’indépendance zimbabwéenne, il passera une partie de son enfance en Afrique avant de revenir aux États-Unis. C’est à New York qu’il va trouver l’espace et la liberté pour s’essayer au rap, sortant un premier album dès 2006 ( Camouflage). Entre-temps, il est devenu l’un des noms les plus respectés de la scène locale, notamment grâce à des textes politisés et, surtout, une musique innovante. C’est plus que jamais le cas sur l’excellent Aethiopes. Deux ans après sa collaboration avec la poétesse-activiste Moor Mother, il dégaine un nouveau disque sombre et poisseux. En ouverture, Asylum joue brillamment la menace, ruminant ses mauvaises pensées sur un piano et une trompette éthiojazz. Au début des années 2000 déjà, des labels comme Def Jux avaient instillé l’idée d’un rap « indépendant » (avec Cannibal Ox, Company Flow, etc.). L’un de ses fondateurs, El P, mais aussi Mike Ladd, sont de la partie, à côté de Quelle Chris, Boldy James, etc., comme pour tracer un continuum et démontrer que l’idée d’un rap « différent » n’a jamais disparu. Effusion soul sur Smith + Cross, échappée free jazz dissonante sur Haarlem, balade nocturne chelou sur Christine… Avec Aethiopes, produit par Preservation, Billy Woods mâchonne un rap abrasif, complexe mais jamais compliqué.

Distribué par Backwoodz.

8

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