Petite visite dans l’univers des comics avec l’un des cartoonistes les plus intéressants du moment: alec longstreth.

La première chose qui frappe lorsqu’on interroge un auteur de comics indépendant comme Alec Longstreth, c’est l’aspect communautaire de cette activité aux Etats-Unis. Là où nos bédéistes continentaux semblent la jouer individualiste, les auteurs yankee aiment le contact.  » Aux USA, les créateurs de comics sont très accessibles. La plupart des minicomics incluent une adresse, postale ou e-mail. Il est donc très simple de leur envoyer votre production, par exemple. »

Le père du comics/fanzine Phase 7, dont un volume traduit en français a été récemment publié chez L’Employé du Moi, a eu largement recours à cette facilité:  » C’est très excitant pour moi de penser que mes héros lisent mes comics! Bon nombre d’entre eux m’ont répondu: Jeff Smith, Chris Ware, Adrian Tomine, John Porcellino, Craig Thompson, etc. » Des amis?  » Je ne dirais pas cela, mais j’ai correspondu avec eux suffisamment longtemps pour que, dans une convention de BD, ils viennent me voir et me disent: salut Alec, comment ça va, tu as un nouveau numéro de Phase 7? »

Ses influences, son influence

Autre atout de ces énormes gatherings d’auteurs:  » J’y déniche un grand nombre des comics que je lis, surtout des minicomics produits par des gens comme moi. Récemment, j’ai été frappé par Berlin: City of Smoke de Jason Lutes. Il accorde tant d’attention à sa mise en page, ses personnages et ses décors sont si bien rendus, tout ceci est une grande source d’inspiration. »

Quant à savoir si, en retour, il influence des auteurs, c’est plutôt dans la genèse d’autres £uvres qu’il faut chercher la réponse.  » Dans mes BD, je développe beaucoup l’idée selon laquelle chacun devrait dessiner. Certaines personnes m’ont pris au mot et m’ont écrit des lettres pour me dire: ceci est mon tout premier comic, je l’ai conçu après avoir lu ton travail. »

La communauté Flickr

La nouvelle génération de dessinateurs de BD a, généralement, bien compris l’intérêt de l’Internet pour faire connaître leurs £uvres. Alec Longstreth ne déroge pas à la règle:  » Je vends la plupart de ces comics par l’intermédiaire de mon site, avec paiement en ligne via PayPal. Du coup, les gens peuvent commander des quatre coins du monde, ce qui en fait un outil incroyable. Mon blog me permet également d’interagir directement avec mes lecteurs, d’informer les souscripteurs de Phase 7 de l’avancement des numéros. »

Les réseaux sociaux ne sont pas oubliés:  » J’ai des comptes sur Facebook et MySpace, mais je ne les utilise guère. En revanche, je mets beaucoup de dessins en ligne sur Flickr, ainsi que des photos personnelles. Une vaste communauté de cartoonistes utilise Flickr pour partager leurs dessins; c’est un moyen génial de trouver de nouveaux talents. »

Simplicité vs facilité

A les feuilleter en solide ou en virtuel, les comics – à fortiori les minicomics – présentent un aspect volontairement simple. Au-delà de l’option esthétique, cela recouvre une réalité triviale:  » Vous devez simplifier les choses afin de pouvoir maintenir un certain rythme de production. C’est un processus que traverse tout cartooniste. Et cela change d’une histoire à l’autre, voire d’une page à l’autre lorsque vous décidez du degré de détail d’un décor ou d’un personnage. »

Alors, les comics: simples ou… faciles?  » Certes, il y a toujours eu des artistes fainéants au dessin rapide et négligé. Mais aussi, à l’inverse, énormément de créateurs dont le travail est d’une simplicité extrême mais d’un niveau artistique très élevé. Lorsque vous ne pouvez vous cacher derrière des hachures ou un ombrage, vos lignes sont nues. » Une nudité qui oblige à être « sincère », selon Alec Longstreth, qui choisit précisément ce mot pour résumer son travail.

www.aleclongstreth.com

Retrouvez l’interview complète d’Alec Longstreth dans la rubrique Culture du Vif.be

Vincent Degrez

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