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Chroniqueur sur Paris Première, au Monde des livres et pour Télé 2 Semaines de livres qu’il ne lit pas, Stéphane Sorge appartient à l’ancien monde de la critique littéraire. « Le mot « chroniqueur », plutôt terre-à-terre, résiste à l’épreuve du temps, glissant de l’événement à la marchandise, de Joinville à Cultura. » Bettie Leroy, esthéticienne solaire, est booktubeuse, spécialiste des dystopies au cinéma et du thriller young adult: « Plus on la voit, plus elle vit. Plus on s’abonne à sa chaîne, plus elle existe ». Entre les deux, le jeu du chat et de la souris. « Ses vidéos le fascinent. Elle pense que les vieux médias doivent mourir. Elle aimerait monter, il descend. » À l’heure des influenceurs, de la joie exubérante des unboxing videos, des reportages sur les sacs à main de chroniqueurs mondains, toute ressemblance ne serait pas fortuite. Après les codes du développement personnel, l’auteur de Je suis capable de tout imbrique les exercices de style dans un thriller court et couillu, donnant un coup de pied dans la fourmilière des livres. « La littérature, luxe asocial, s’est diluée dans un rituel corporel. » Dans ce précis drôlement caustique, Frédéric Ciriez déballe, plante d’un coup de parapluie bulgare les enjeux actuels de l’industrie culturelle, en débusque les spams. Bettie: « On ne vise pas les mêmes publics. J’ai des amis, tu as des lecteurs, même si tu en as de moins en moins et qu’à terme tu es condamné. » Le vieux critique, perclus dans ses signes, doit suggérer en peu de mots. Si on continue à aimer la littérature en secret, maladie honteuse s’il en est, on est à deux doigts (vous ne voulez pas un whisky d’abord?) de conclure, dans un murmure: « Pour toi je suis prêt à moins lire. »

De Frédéric Ciriez, éditions Verticales, 192 pages.

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