Bêtes humaines
Pour sa septième exposition, le MIMA emmène au zoo de l’anthropomorphisme contemporain. Quand les artistes se servent des animaux et des objets pour parler de nous..
Un conseil d’ami: ne vous réjouissez pas trop vite de cette visite au Zoo proposée par le MIMA. C’est que ça grince derrière cette proposition à poils et à plumes. Co-curateur de l’événement, Raphaël Cruyt lève le voile sur l’envers du décor. » C’est un livre de collapsologie qui a mis le feu aux poudres« , sourit l’intéressé. L’opus en question? Une autre fin du monde est possible, paru aux éditions du Seuil. Signé par trois auteurs -Pablo Servigne, Raphaël Stevens et Gauthier Chapelle-, l’ouvrage prend acte de l’effondrement du monde en cours, de Fukushima aux vagues de réfugiés, en passant par la disparition massive des oiseaux et des insectes. Éviter le pire? » Trop tard« , affirme le trio qui propose en guise de viatique quelque chose comme une » collapsosophie« , une façon de faire bon coeur contre mauvaise fortune. Le rapport avec les animaux? Il est à chercher du côté de l’anthropomorphisme, notion-clé autour de laquelle s’articule le parcours de l’exposition. Sur place, une vidéo rappelle les enjeux du genre. » Depuis la nuit des temps, les animaux inspirent les artistes« , peut-on lire sur un écran au premier étage. La séquence d’enfoncer le clou: » l’anthropomorphisme est un miroir de l’humanité à chaque époque« . Pour étayer cette démonstration, le commissaire, qui a oeuvré en tandem avec Alice van den Abeele, s’est appuyé sur une sélection de onze artistes travaillés du bestiaire. Le générique -c’est la signature du MIMA- réjouit en ce qu’il consacre des outsiders refusant de mettre leur imaginaire dans les pas du marché de l’art. Dans leur grande majorité, ceux-ci déploient des activités parallèles, qu’il s’agisse du graphisme, de l’illustration, du graffiti, du tatouage ou encore du skateboard. Cette autarcie assure aux protagonistes un propos connecté, en phase avec la société dans laquelle ils évoluent. Pas de tour d’ivoire, les plasticiens retenus expriment » une réalité collective » qui percole à travers leurs réalisations: une sorte d’état du monde formulé de manière plastique.
Zoo, Jusqu’au 30/08, MIMA, Bruxelles. www.mimamuseum.eu.
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