Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Le dernier roi d’Ecosse – Belle and Sebastian, c’est une histoire d’amour. La preuve avec Write about love. Un album pop plutôt délicieux qui aurait pu se passer de Norah Jones.

« Write about love »

Distribué par Rough Trade.

Il y en a qui s’empâtent, prennent des rides et perdent des cheveux… Puis il y en a qui ne changent pas. Devant lesquels les ravages du temps courbent poliment l’échine. Belle and Sebastian, c’est un peu ce vieil ami qu’on n’a plus vu depuis l’école primaire et qu’on reconnaît 30 ans plus tard dans la rue au premier coup d’£il. Déjà, il y a ces pochettes. Photos surannées et délavées, généralement de femmes, qui accompagnent ses albums depuis la sortie de son premier disque, Tigermilk, en 1996. Ensuite, il y a cette pop précieuse qu’on reconnaîtrait sur une vidéo YouTube inaudible filmée avec un vieux gsm du dernier rang d’une salle de concerts. Enfin, il y a cette douce voix d’enfant de ch£ur que l’Ecossais Stuart Murdoch va toujours, quand il en a l’occasion, exercer à l’église.

Dans quelques semaines, les Belle and Sebastian joueront les curateurs pour célébrer les 10 ans du festival All Tomorrow’s Parties dont ils sont d’une certaine manière les initiateurs. Un rassemblement de connaisseurs organisé dans un camp de vacances anglais et dont des artistes, différents lors de chaque édition, sont les programmateurs. En attendant, le groupe déballe son septième album. Et s’il s’agit d’un cadeau, avec un titre comme Write about love, ça ne peut être qu’un cadeau de Saint-Valentin.

Fallait pas l’inviter

Comme nous le répétait tous les jours de notre enfance le générique du dessin animé consacré au roman de Cécile Aubry, Belle et Sébastien, c’est une histoire d’amour. Produit et mixé par Tony Hoffer (Beck, Air, Phoenix, Dave Gahan et déjà Belle and Sebastian), Write about love a été enregistré à Los Angeles, au Sound Factory. Mais ce petit voyage au pied de Tinseltown n’a pas trop altéré la délicatesse artisanale des Scottish, toujours maîtres dans l’art de la pop nostalgique et mélancolique qui ne heurte jamais les oreilles de mémé.

Avec un titre d’ouverture, Didn’t see it coming, et le charmant I Can See your future, chantés dans leur presque intégralité par Sarah Martin, Belle and Sebastian montre qu’il a définitivement fait son deuil d’Isobel Campbell. C’est plutôt rassurant quand on connaît l’amour de Stuart Murdoch pour les voix de femmes et surtout quand on tend l’oreille vers les invités et qu’on entend le fadasse Little Lou, Ugly Jack, Prophet John, mis en boîte (on ne comprend toujours par pourquoi) avec la petite Norah Jones.

Dans la foulée, Write about love, partagé avec Carey Mulligan, actrice britannique nominée aux Oscars pour son rôle dans Une Education, laisse un avis mitigé. Comme disait l’autre, fallait pas les inviter. Car à côté de ça, ce nouvel album contient quelques super petites chansons. I’m not living in the real world et ses ch£urs, The Ghost of rockschool et ses trompettes, Come on sister et ses claviers archaïques mènent d’ailleurs à une inévitable conclusion. L’amour rend peut-être aveugle mais certainement pas sourd. l

Julien Broquet

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