À L’OMBRE DU VAMPIRE – BELA LUGOSI, LE MYTHIQUE DRACULA DE TOD BROWNING, EST L’OBJET D’UN COFFRET REGROUPANT 3 DE SES FILMS DES ANNÉES 30 ET 40, ET UN DOCUMENTAIRE. UN MUST.

VOODOO MAN DE WILLIAM BEAUDINE. 1944.

THE MYSTERIOUS MR. WONG DE WILLIAM NIGH, 1934.

WHITE ZOMBIE DE VICTOR HALPERIN, 1932.

ED: ARTUS FILMS. DIST: BELGA.

Pour les cinéphiles, et les amateurs d’horreur en particulier, Bela Lugosi restera à jamais comme l’interprète du Dracula de Tod Browning (1931), un authentique classique du genre. Et un rôle à ce point emblématique qu’il allait définitivement profiler la suite de son parcours, l’acteur d’origine hongroise, débarqué à Hollywood au début des années 20, passant dans la foulée de l’effroi à l’épouvante, et vice-versa. Un mouvement qui sera accompagné d’un glissement irrésistible de la série B vers la série Z: star de la Universal dans les années 30, Lugosi allait finir dans les productions fauchées de Ed Wood, en ce compris une apparition posthume bricolée dans Plan 9 from outer Space.

Le coffret que lui consacre aujourd’hui Artus films propose 3 films tournés alors que la carrière de cet ex-jeune premier se déclinait sous le registre quasi exclusif de l’horreur (parmi ses rares tentatives pour se soustraire au genre, on notera une apparition dans le Ninotchka de Lubitsch). Réalisé par Victor Halperin en 1932, le cultissime White Zombie nous emmène à Haïti, sur les pas d’un jeune couple venu s’y marier. Lugosi y campe un prêtre vaudou auquel un notable de l’endroit fait appel pour s’attirer les faveurs de la fiancée, dans un film qui a gagné en charme suranné et en poésie macabre ce qu’il a perdu en efficacité (encore que la poignée de zombies à la solde du prêtre ne manque pas d’arguments).

Dracula pour l’éternité

On retrouve Bela Lugosi 2 ans et 13 films plus tard (!) dans The Mysterious Mr. Wong de William Nigh. Il y prend les traits de Mr. Wong, un commerçant respectable de Chinatown dissimulant un individu redoutable tentant de faire main basse sur les 12 pièces en or de Confucius synonymes de pouvoir. Une entreprise dans laquelle un journaliste curieux (Wallace Ford) viendra toutefois mettre son grain de sel. Produit par la Monogram, le film tient plus de l’honnête série B fauchée s’abreuvant de clichés que du chef-d’£uvre (euphémisme), Lugosi s’y acquittant avec un certain bonheur cependant d’un emploi à la Fu Manchu.

Dix ans plus tard, Voodoo Man est son troisième film pour le prolifique William Beaudine – il y en aura un quatrième, au titre fleurant bon le nanar pur jus, Bela Lugosi Meets a Brooklyn Gorilla. Le rôle n’est certes pas moins archétypal, puisque l’acteur y campe un médecin fou tentant de ramener son épouse adorée d’entre les morts, et enlevant à cette fin des jeunes femmes pour les soumettre à de curieuses expériences télépathiques accompagnées de rites vaudou. Non moins fauché que le précédent, le film est un régal d’horreur désuète, par la grâce en particulier d’un Lugosi dont le port altier, l’accent à couper au couteau et le regard ténébreux font des merveilles. Last but not least, le coffret est complété de Lugosi: Hollywood’s Dracula, documentaire fouillé de Gary Rhodes retraçant le parcours d’un prince de l’horreur qui s’était à ce point identifié à son rôle emblématique qu’il se fit enterrer drapé dans la cape de Dracula…

JEAN-FRANÇOIS PLUIJGERS

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