Guy Verstraeten
Guy Verstraeten Journaliste télé

20.45 LA UNE

DE CLAUDE-MICHEL ROME. AVEC CLAIRE KEIM, STÉPHANE FREISS, ÉRIC CARAVACA.

Le début? Un homme qui pète les plombs. C’est la fin, en réalité. Et c’est dommage. Dommage, parce qu’on aurait peut-être aimé découvrir au fur et à mesure les rouages du drame, pas en comprendre directement les tenants et aboutissants. Beauté fatale, c’est la resucée – modifiée par endroits, mais la trame reste identique – du Miroir à deux faces du très classique André Cayatte: Claire Keim reprenant le rôle de Michèle Morgan, Stéphane Freiss celui de Bourvil. Le scénario ne manque pas de corps: Christophe Grandt, architecte à succès aime sa vie telle qu’elle est, et notamment son épouse, cadre dans une société de produits de beauté. Or, cette dernière, Alice, ne s’aime pas: son visage, enlaidi par une sorte de tâche de naissance doublée d’un nez disgracieux, la fait souffrir. Lorsqu’elle décidera de procéder à une opération de chirurgie esthétique, en devenant plus belle au regard des canons de beauté, le couple va vaciller, jusqu’à la rupture.

FILON DRAMATIQUE, HAUTEMENT PSYCHOLOGIQUE

En adaptant ce filon dramatique, hautement psychologique, Claude-Michel Rome marchait sur des £ufs: l’interprétation de ces acteurs devait forcément se tenir en équilibre, sur le fil du rasoir. Ce que Claire Keim, toute en délicatesse, parvient à donner souvent, mais pas toujours. Stéphane Freiss, de son côté, prend également son rôle très à c£ur. Curieusement, ce côté beau-gosse, plein de succès mais traumatisé par une mère volage, est un atout: contrairement ce qu’induisait la bouille de Bourvil face à la beauté de Morgan, on se demande pourquoi le personnage du bellâtre Freiss a tellement peur de voir son épouse s’épanouir. Si cette plongée dans l’insécurité masculine (qui pourrait d’ailleurs être féminine), dans la jalousie et la possessivité, touche sa cible par moment, le petit côté ultra-démonstratif de certaines scènes fait parfois passer le scénario pour une thématique déclinée en images. Conjugué à quelques seconds rôles peu convaincants – Éric Caravaca joue, comme d’habitude, de manière incertaine, et Nicole Croisille est assez désagréable dans un rôle tenu jadis par… Lauren Bacall dans l’adaptation de Barbra Streisand, Leçons de séduction -, à quelques raccourcis d’une crédibilité tout à fait bancale (qu’il a l’air facile, de devenir concertiste…), les faiblesses de Beauté fatale finissent par l’emporter sur ses forces. On saluera néanmoins l’apparition, en flic un peu négligé, du trop mésestimé Jean-Pierre Malo.

Guy Verstraeten

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