Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

RETOUR AU FUN – Seize ans après leur dernier essai, les B-52s commettent un nouvel album de rock hédoniste et dansant. Tout le monde en piste!

« Funplex »

Distribué par Astralwerks/EMI. En concert, le 11/07, au Cactus festival, à Bruges.

Les B-52s sont de retour! On se rappelle qu’ils ont marqué les années 80 avec leur rock dadaïste et dansant. The world’s greatest party band, disait-on à l’époque. C’était drôle, festif, et légèrement barré mais sans être pour autant fermé ou hermétique. Lancées en l’air par Keith Strickland, les chansons étaient rattrapées au vol par Kate Pierson et Cindy Wilson, aisément reconnaissables à leurs choucroutes paraboliques dressées sur la tête, et rejointes par les interventions nasillardes de Fred Schneider. A vrai dire, le projet était tellement unique que quasi trente ans plus tard, les B-52s sont toujours les seuls à faire du B-52s. D’ailleurs, il ne faut pas trois secondes pour reconnaître ce tout nouveau morceau du combo. Il n’y a pas de mal. C’est même plutôt une qualité à partir du moment où ils oublient de se caricaturer.

WALIBI

C’est notamment le pari de Funplex, premier disque studio du groupe depuis 16 ans (depuis Good Stuff, en 1992, album moyen réalisé en trio, auquel succéderont deux compilations). Amusant: le disque sort au même moment que celui de leurs collègues de REM, autre gloire à avoir placé Athens (Géorgie) sur la carte du rock. Ce n’est pas le seul parallèle. Pour leur retour aux affaires, comme la bande à Michael Stipe sur son dernier Accelerate, les B-52s se sont laissé guider par un seul principe: celui de plaisir. Comme s’ils avaient un jour agi autrement… La différence? « A notre âge, on est beaucoup plus portés sur le sexe, rigole Fred Schneider, croisé en compagnie de Cindy Wilson, il y a quelques semaines à Paris. Les temps modernes n’existent plus, sauf dans les parcs d’attractions », assène-t-il plus tard. Les B-52s créent donc leur Walibi, avec Funplex. Sur le morceau, Schneider y va d’un « Faster, pussycat / Thrill, thrill! » qui pose bien le débat sur la piste de danse. La plupart des titres sont d’ailleurs à l’avenant: Pump, Hot Corner, Dancing Now, Keep This Party Going« Quand on a commencé, il fallait aller en soirée pour écouter de la bonne musique. Les radios ne jouaient pas ce qu’on aimait, MTV n’existait pas. C’était dans les boîtes que cela se passait. »

L’Amérique rendue au passage groggy après deux présidences Bush ( « Take this party to the White House lawn; things are getting dirty down in Washing- ton, chante Kate sur Keep This Party Going. Depuis huit ans, on vit une mauvaise soirée », continue Fred), les B-52s sont bien décidés à lui redonner des couleurs. Ils le font en remettant du jus dans leurs guitares, ce qu’ils avaient parfois délaissé par le passé. Au passage, ils ont embarqué le producteur Steve Osborne, qui avait déjà sévi avec New Order, pour son retour en 2001 avec l’album Get Ready.

Mais le grand mérite du disque est qu’il ne chipote pas, et évite de se poser trop de questions. En ce qui nous concerne, le groupe aurait pu même encore pousser le délire plus loin. Mais soit. Le clip de Funplex est par exemple rassurant: c’est bien une véritable horreur, se situant à cet égard dans l’exacte lignée des autres méfaits vidéo du groupe, qui n’a jamais eu peur du ridicule ou du kitsch »hénaurme ». Par les temps qui courent, c’est plus que bienvenu.

www.myspace.com/theb52s

LAURENT HOEBRECHTS

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