Le 62e Festival de Cannes s’ouvre mercredi. Une sélection officielle de haut vol consacre le retour de nombreux habitués, pour une manifestation à coloration essentiellement européenne et asiatique.

Retour aux valeurs sûres. Si l’on saluait le côté aventureux du millésime cannois 2008 – avec la présence, en compétition, de nombreux nouveaux venus, comme Lucretia Martel, Brillante Mendoza, Eric Khoo, Charlie Kaufman ou bien sûr Laurent Cantet, future Palme d’or avec Entre les murs -, la 62e édition du Festival de Cannes voit, pour sa part, les habitués opérer un retour en force.

Quatre anciens lauréats de la Palme d’or (Jane Campion, Ken Loach, Quentin Tarantino, Lars von Trier); des auteurs ayant pour ainsi dire établi leurs quartiers à Cannes (Almodovar, Bellocchio, Haneke et Suleiman); d’autres y revenant – après une longue absence parfois, on pense, évidemment, à Alain Resnais, dont on découvrira Les herbes folles, trente ans pratiquement après Mon oncle d’Amérique, mais aussi à Ang Lee, que l’on n’avait plus vu sur la Croisette depuis The Ice Storm, en 1997, ou encore à Jacques Audiard, à qui Un héros très discret avait valu le Prix du scénario en 1996 -: la sélection concoctée par le délégué général Thierry Frémaux ressemble, dans son volet compétitif tout au moins, aux retrouvailles d’une auguste confrérie.

Tout au plus si l’on y retrouve deux cinéastes inédits à ce stade. L’Espagnole Isabel Coixet, avec Map of the Sounds of Tokyo, et le Taïwanais Tsai Ming-liang, avec Visage, sont seuls admis au club, en effet, où ils rejoignent encore des auteurs comme Lou Ye, Xavier Giannoli, Andrea Arnold, Johnnie To, Park Chan-Wook, Brillante Mendoza et Gaspar Noé. Voilà en tout cas qui, à défaut de profond renouvellement des cadres, promet une compétition de haut vol, qu’arbitrera un jury présidé par Isabelle Huppert. Et traduit une géographie du cinéma à coloration essentiellement européenne (plus de la moitié des films en lice) et asiatique, le Inglourious Basterds de Quentin Tarantino représentant seul les Etats-Unis.

Tendance d’ailleurs confirmée par la section Un Certain Regard, petite s£ur de la compétition, qui accueille notamment cette année les nouveaux films de Bong Joon Ho, Pavel Longuine, Corneliu Porumboiu, Hirokazu Kore-eda, Mia Hansen-Love ou Alain Cavalier.

Coppola à la Quinzaine

Non, pour autant, que les Américains aient déserté la Croisette: de l’ouverture du Festival avec Up, film d’animation en 3D (une première!) de Peter Docter aux présences, hors compétition, de Sam Raimi et autre Terry Gilliam, le cinéma hollywoodien aura voix au chapitre. Jusqu’à Francis Ford Coppola, deux fois Palme d’or, qui retrouve Cannes pour y présenter Tetro, dont il a réservé la primeur à la Quinzaine des réalisateurs. Un joli coup, assurément, pour une section parallèle dont la 41e levée s’annonce rien moins que passionnante, avec encore des films de Pedro Costa – Ne change rien, autour de Jeanne Balibar chanteuse, on en frémit déjà -, Nobuhiro Suwa, Hong Sangsoo ou Luc Moullet. Mais aussi, comme du reste à la Semaine de la Critique, la promesse de nombreuses découvertes – belges pour certaines, d’ailleurs (lire par ailleurs).

Enfin, et c’est là encore une tradition bien ancrée, ce rendez-vous de la cinéphilie et du strass qu’est aussi le Festival de Cannes pourra compter sur son lot de stars – Penélope Cruz, Charlotte Gainsbourg, Brad Pitt, Eric Cantona, Jim Carrey, Fanny Ardant, Eric Cantona, Johnny Depp, Jeanne Moreau, Jude Law, Rachel Weisz, Lenny Kravitz, Jeanne Balibar, ou Anna Mouglalis, qui clôturera la manifestation sous les traits de Coco Chanel…: on devrait, pour tout dire, ne plus savoir où donner de la tête. Un vent de Panique au village cannois?

Texte Jean-François Pluijgers

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