Michel Verlinden
Michel Verlinden Journaliste

ENVIE DE RETROUVER LES CHEMINS DE L’ACTION COLLECTIVE? ÇA SE PASSE À BOZAR À L’OCCASION DE WE-TRADERS, UNE EXPOSITION AUSSI DÉROUTANTE QUE CITOYENNE.

WE-TRADERS

BOZAR, 23, RUE RAVENSTEIN, À 1000 BRUXELLES. JUSQU’AU 12/04.

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Environnement dans lequel s’entasse la plus grande partie de la population mondiale, la ville est aujourd’hui au centre de toutes les attentions. Rien qu’à l’échelon de la capitale belge, deux initiatives ayant cette thématique en ligne de mire vont se succéder. Avant Being Urban, réflexion menée dès le 30 avril prochain par L’Iselp (lire Focusdu 20/02) sur la réappropriation de l’art public bruxellois, se profile aujourd’hui WE-TRADERS. De quoi s’agit-il? D’un projet de longue haleine, dont la paternité revient au Goethe Institut de Bruxelles. Il repose sur un constat: face à la déprime économique et financière en Europe, les initiatives citoyennes se multiplient. Une forme de résilience qui a poussé Susanne Höhn, directrice de l’antenne belge de l’organisme de promotion de la culture allemande, à rêver d’une plateforme de rencontres et d’échanges dont la visibilité encouragerait d’autres contributeurs à rejoindre le mouvement. L’initiative n’a pas tardé à se structurer sous l’appellation WE-TRADERS -« WE » désignant l’horizon collectif du projet, tandis que « TRADERS » s’applique aux acteurs de ce renouveau, perçus comme des intermédiaires « redéfinissant les rapports entre valeur, profit et bien public« . Pensée d’emblée à large spectre, l’initiative entend catalyser les développements citoyens dans six villes d’Europe: Lisbonne, Madrid, Toulouse, Turin, Berlin et Bruxelles. Dans l’esprit des initiateurs, il s’agit de faire surgir un cercle vertueux d’idées et de réalisations. Soit l’exact contraire de l’attitude de repli en vogue, qui consiste à se lamenter… et à se choisir un bouc émissaire pour identifier une cause « objective » à son malheur.

Moderne agora

Bruxelles est donc le terminus de ce concept d’expo itinérante qui, à première vue, peut dérouter: on n’y retrouve pas les standards du genre. L’événement est à comprendre comme une agora moderne, ayant pour but d’entrer en relation avec autrui pour mieux échanger. Le visiteur non averti sera sans doute troublé par les dispositifs de sondages DIY (des post-it à accoler sur des globes dont la couleur dominante indique le sens de l’opinion générale) ou encore par les installations urbaines nomades (piste de pétanque mobile, gazinière à roulettes). A côté de cela, des objets et des photos représentent les initiatives prises dans les autres villes. Un dispositif complété par des enregistrements vidéo livrant différents états des lieux constatés par des urbanistes et autres penseurs. Le point d’orgue de l’exposition se situe dans son propos local, qui culmine dans la présentation de cinq associations actives à Bruxelles. L’occasion de se rendre compte que certains n’attendent pas que les solutions tombent du ciel. C’est tout particulièrement vrai de Community Landtrust Bxl (CLTB), un groupement de personnes en quête de solutions alternatives face à la crise du logement. Inspiré d’un modèle américain, CLTB propose un développement urbain durable en achetant des terrains qui seront gérés à la manière d’un bien commun. Le but étant de construire des logements accessibles aux personnes à bas revenus en vendant les habitations sans la parcelle sur laquelle elles sont construites. Une aubaine quand on sait que le prix de l’immobilier a doublé entre 2000 et 2010. S’il n’est pas possible de détailler ici le programme des autres associations, il faut savoir qu’elles font tout autant sens. Dernier conseil: ne venez pas ici en vous imaginant rester sur votre quant-à-soi, vous auriez tout faux. Seuls l’échange et le dialogue permettront de forger l’espace public de demain.

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MICHEL VERLINDEN

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