Dans le cadre de Truc Troc, Focus a joué les têtes chercheuses… et pointé deux artistes. Sur le podium, Manuel Francisco Murillo Perdomo et François Coorens.

Truc Troc, l’événement artistico-ludique où l’on échange bons plans, services ou objets contre des £uvres d’art, a connu un franc succès cette année. Focus y était. Pilotée par une envie de prospection, la rédaction a ouvert grand les yeux à la recherche des pointures de demain. Dans la faune d’un Bozar transformé en bazar artistique, le carnet à Post-it a rapidement fondu. Sur les petits papiers jaunes autocollants, on pouvait lire quelque chose comme:  » échange portrait dans Focus contre toile à faire gagner aux lecteurs« . Ce sont finalement deux peintres – essentiellement portraitistes – au talent évident et à l’univers proche de celui du magazine qui ont accepté de jouer le jeu sans conditions. D’un côté, Manuel Francisco Murillo Perdomo aka 13 Pulsions. De l’autre, François Coorens. Présentations.

François Coorens

Nul n’est prophète en son pays. L’adage va comme un gant à François Coorens qui peint depuis 1999. Si son atelier est aujourd’hui installé dans un vaste loft d’Ixelles, il a longtemps connu la neurasthénie d’un travail dans une cave de 13 mètres carrés. Dans son nouvel espace, une toile inachevée – représentant Cerrone et l’égérie Dani – plante le décor. Plus loin, un fauteuil de tissu blanc n’a pas échappé à la fureur de peindre du maître des lieux. De façon inattendue, François Coorens s’est d’abord fait connaître à l’étranger. Une exposition de 6 mois dans le célèbre restaurant d’Ibiza, El-Ayoun, a servi de détonateur.  » Cette île où se croisent un tas de gens venus d’horizons différents m’a souri. Mon travail qui fait une large place à la sous-culture a trouvé là un public. Des collectionneurs atypiques se sont intéressés à mon travail, d’un producteur allemand de films pornos au créateur des compilations Café Del Mar , en passant par une série de personnages hauts en couleur ». Tout au long des murs de son loft, des dizaines et des dizaines de toiles tous formats racontent l’évolution de son style. Celle-ci est manifeste, elle se fait dans le sens de l’épure même si ce terme peut sembler paradoxal pour un peintre qui farcit ses toiles de mille références et clins d’£il.  » J’essaie de raconter quelque chose mais d’une façon différente, je veux sortir l’£il de sa routine qui l’incite toujours à lire un tableau de gauche à droite et de haut en bas ». Longtemps François Coorens a fonctionné selon le principe de la thématique. Il a ainsi livré quelques variations sur des thèmes comme Goldorak, Oscar Goldman, les films de Russ Meyer, les jeunes Bruxelloises ou le mouvement punk. Un procédé qu’il a désormais abandonné, désireux de  » se laisser aller à son seul instinct ». Fidèle à l’acrylique, Coorens ne manque pas de customiser ses toiles. Pour cela, il utilise des marqueurs pour ajouter des éléments – comme surgis de pochoirs -, des slogans façon  » I’m so over you Sarah Marshall » ou des caractères issus de l’alphabet hindi ou japonais. De plus en plus attiré par les grands formats, ce Bruxellois d’adoption voit la peinture en version XXL. A la façon de la toile Walken on the moon – un clin d’£il à Christopher Walken – qu’il livre pour Focus à l’heure où sa cote ne cesse de grimper et qui s’affiche totalement représentative de son travail le plus récent.

www.francoiscoorens.be

13 Pulsions

Situé à deux pas de la place Flagey, le kot de Manuel Murillo s’affiche comme une profession de foi. L’étudiant en dernière année de psychologie y a concentré toutes ses passions. Deux platines racontent son addiction à la musique – surtout le rap mais aussi le rock belge -, tandis que les murs témoignent de l’admiration portée à Pablo Sozyone Gonzalez, artiste et leader de De Puta Madre. Comme ce dernier, Manuel Murillo dont le pseudo est 13 Pulsions –  » cela vient d’une théorie personnelle imaginée à partir des pulsions freudiennes » – est artistiquement né dans la rue.  » J’ai commencé vers 14 ans, avec des tags et des graffitis en rue. Au fil du temps, j’ai évolué vers quelque chose d’autre. Aujourd’hui, mon travail est dominé par la peinture et le portrait. Il reste néanmoins quelque chose de très urbain dans ce que je fais, la géométrie des figures trouve son origine dans l’architecture des villes ». Dominé par des couleurs vives, le travail de cet autodidacte qui avance en tâtonnant a séduit d’emblée Focus. Un Post-it a été apposé sur un grand portrait en forme de puzzle de Jean Waterlot, le chanteur du groupe Montevideo.  » Cela fait partie d’un projet plus global que j’ai, à savoir faire les portraits d’une série de personnalités de la scène musicale belge. Je pense à des gens comme SoldOut ou Veence Hanao ». On sent chez 13 Pulsions – qui n’a pas encore eu les honneurs d’une exposition en solo mais qui a été repéré par la galerie Artemptation – une véritable boulimie artistique.  » Je peins sur ce qui vient: toile, bois, plexi, plâtre, peu importe. Parfois, c’est la nécessité de continuer qui dicte le support. Je me rabats alors sur le premier matériau qui me tombe sous la main. J’ai également commencé à peindre sur des vêtements ». Né d’une mère italienne et d’un père colombien, Manuel Murillo digère les influences.  » Il y a quelque chose de très latino dans mes portraits. J’aime les moustaches, les personnages fiers et hispaniques ». Il n’est toutefois pas question pour lui de s’enfermer dans une routine graphique. Il cherche sans cesse les projets stimulants.  » Lors d’un Erasmus à Madrid, j’ai créé avec des amis berlinois un collectif qui porte le nom de La Puta Calle. L’idée est de transcender nos projets personnels pour imaginer quelque chose de plus large. »

www.13pulsions.comConcours

Gagnez ces 2 toiles de 13 Pulsions et de François Coorens

Pour cela, il suffit d’envoyer un mail à l’adresse suivante: focusvif@levif.be avant le 15 mars en indiquant l’année de naissance de 13 Pulsions ou de François Coorens en fonction de votre choix. L’heureux bénéficiaire de ce cadeau exceptionnel sera tiré au sort.

Texte Michel Verlinden