Assez de bleu dans le ciel

de Maggie O’Farrell, Éditions Belfond, traduit de l’anglais (Irlande) par Sarah Tardy, 496 pages.

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Pour autant que vous sachiez jouer avec le temps et courir trois continents à la fois, le roman de Maggie O’Farrell vous ravira. En effet, le récit, après avoir fait une brève incursion en 1944, se déroule entre 1986 et 2016, deux dates butoirs. Daniel et Claudette forment un couple improbable. Lui est enseignant en linguistique, divorcé et père de deux enfants et elle, après un passé glorieux, a disparu de la scène mondaine, sans retour, avec son fils. Ils vivent dans la maison de Claudette, dans une région d’Irlande balayée par les vents et noyée sous le crachin, au milieu de nulle part, séparés de la route par douze portails. Deux autres enfants sont nés, des enfants qui ne fréquentent pas l’école, vivent isolés et sont éduqués par leur mère-louve. En 2010, Daniel doit partir pour les États-Unis assister à ce qui sera probablement la dernière « foutue fête » d’anniversaire de son père. Or sur le chemin, il apprend le décès de son premier amour, qu’il avait tenté d’enfouir au plus profond de lui. Il éprouve alors un besoin impérieux de combler les immenses « blancs » de sa vie mais un défilé d’images pénibles lui éclate en pleine figure, le détruit et il sombre. Pourtant il y a dans ce puzzle de sentiments des moments de tendre complicité qui ouvrent sur le bleu du ciel. Dans ce septième roman, qui scrute l’autodestruction chez des personnages complexes et contradictoires, rongés par leur passé, Maggie O’Farrell mêle le tragique et le comique dans une structure narrative vertigineuse, aux points de vue multiples. De quoi engendrer l’empathie pour ces êtres truqués et tellement vrais à la fois.

M-D.R.

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