Déprimangas – Dargaud nous gratifie de quatre BD asiatiques, du gris brumeux au jais violent, potentiellement désastreuses si vous broyez déjà du noir.

Undercurrent

de Tetsuya Toyoda.

Bakuon Rettô

de Tsutomu Takahashi.

La Secte

de Mook.

Ushijima, l’usurier de l’ombre

de Shohei Manabe.

Chronique douce-amère d’une femme abandonnée, Undercurrent navigue entre deux eaux. Celle de Kanae, gérante de bains publics, dont le mari a disparu lors d’un voyage d’entreprise, sans laisser de traces. Celle aussi de Hori, envoyé par le syndicat pour donner un coup de main à l’épouse esseulée. Cet homme mystérieux recrée un « couple » improbable avec sa patronne, un duo plongé dans le silence d’une balade au bord du gouffre. Les personnages secondaires apportent un peu de souffle à l’ensemble, entre un détective adepte du karaoké et un vieil homme qui hante le quartier de sa réputation d’ancien yakuza. Une histoire prenante mais… très lente.

Le rythme se fait plus rapide dans Bakuon Rettô. Takashi a beau changer d’école, il noue toujours amitié avec des bad guys. Il sera vite initié au monde des bôsôzoku, ces bandes de motards qui écument les rues et recrutent dès le collège. Le jeune garçon est une sorte d’hybride, moitié enfant (avec ses yeux de fille et sa tendresse latente), moitié mauvais garçon. Avec Bakuon Rettô, La violence monte progressivement en intensité, le deuxième volume se terminant par un corps tabassé à la batte de base-ball et la perspective d’un viol collectif. Eprouvant pour les nerfs.

La Secte est un manhwa plus épineux. Cette BD coréenne ressemble à un fatras d’influences, science-fiction à la Final Fantasy, guerre des gangs ultraviolente aux relents de Mad Max, humour décalé made in Korea… Un cocktail souvent indigeste, sec comme un papillon mort, parfois confus dans ses mouvements. Cerise sur un gâteau déjà chargé: la femme s’y fait plus « objet » que jamais, monnaie d’échange, machine que l’on déplace, que l’on se vole et se reprend à coups de sabre. Mais aussi source de ce qu’il faut bien appeler « sentiments ». Faute de terme plus approprié.

L’usurier Ushijima, enfin, ne fait pas dans la dentelle lorsqu’il s’agit de récupérer son argent. Pas plus que le mangaka Shohei Manabe, dont les histoires regorgent de femmes forcées à la prostitution la plus glauque, d’accros au jeu prêts à tout pour « se refaire », d’épouses dépensières auxquelles les banques se refusent désormais et qui acceptent tous les avilissements pour cacher leurs vices à leurs maris. Une série sans concession, un vrai coup de poing hard-boiled dont les âmes sensibles doivent se tenir éloignées.

www.mangakana.com

Vincent Degrez

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