Michel Verlinden
Michel Verlinden Journaliste

LE SACRE DU RAT – A 56 ans, Blek Le Rat, pionnier français du graffiti, se voit unanimement reconnu. En témoignent la sortie d’un livre et un premier solo show à Los Angeles.

A la Subliminal Projects Gallery, 1331 W Sunset Boulevard, Los Angeles. Jusqu’au 2/05.

Il n’y a pas de meilleur slogan que Art is not peace but war pour évoquer le parcours de Blek Le Rat, street artist français maudit ayant ramé toute sa vie. Ou alors peut-être  » nul n’est prophète dans son pays« . C’est qu’en 30 ans de carrière, Xavier Prou – aka Blek Le Rat – a essuyé toutes les galères d’un pionnier, à la manière de ces grands frères qui se prennent les tempêtes autoritaires des parents là où les cadets s’en sortent indemnes. En l’occurrence, les cadets sont l’Anglais Banksy ou le Nord-Américain Obey Giant qui payent un tribut monstrueux à cette figure paternelle.  » Chaque fois que je crois avoir peint quelque chose d’original, je découvre que Blek Le Rat l’a non seulement déjà fait, mais vingt ans plus tôt« , dixit Banksy, référence actuelle du street art, citée par JD Beauvallet dans Les Inrockuptibles.

HéROS UNDERGROUND

Une reconnaissance assez justifiée dans la mesure où Le Rat a tracé une voie royale pour la jeune génération. Du côté de la France, en revanche, c’est le silence radio. Personne n’évoque celui qui, pourtant, est le premier à y avoir introduit les graffitis avec pochoirs. Il a signé quelques perles comme des portraits – Joseph Beuys, François Mitterrand, Tom Waits -, mais aussi des soldats, des Vénus Callipyges ou, rue de Verneuil, une jeune femme sur la façade de la maison de Gainsbourg qui appellera des centaines d’autres graffitis. Blek Le Rat ne se départit jamais d’un côté sombre, celui qui lui a fait choisir son pseudonyme.  » Rat parce que c’est le seul animal sauvage qui vit encore dans les villes et c’est le seul qui survivra à l’espèce humaine« , aime-t-il à répéter. Rat aussi parce que longtemps, il a été méprisé en tant qu’artiste, certains ne voyant là qu’un passe-temps nuisible. En 1990, arrêté par la police à Paris, il se ramasse un procès qui durera un an. Le verdict tombe comme une humiliation suprême: effacer son graffiti en présence d’un huissier. Passible de prison à la moindre récidive, il songe alors à tout arrêter. Heureusement, il trouve une solution ( voir ci-dessous). Bien lui en prit car la reconnaissance n’était plus loin. Le monde anglo-saxon lui érige une statue de héros underground. Il n’en faut pas plus pour que son travail se vende aujourd’hui dans les salles de vente les plus cotées d’Angleterre. « Rat » est aussi un anagramme du mot « art ».

u http://blekmyvibe.free.fr

MICHEL VERLINDEN

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