American Honey

ROAD MOVIE DE ANDREA ARNOLD. AVEC SASHA LANE, SHIA LABEOUF, RILEY KEOUGH. 2 H 37. DIST: TWIN PICS.

9

De Red Road à Fish Tank, et jusqu’à une adaptation toute personnelle de Wuthering Heights, la cinéaste anglaise Andrea Arnold s’est imposée comme l’une des figures majeures du cinéma contemporain. Démonstration encore avec American Honey, son premier essai américain, un film inspiré d’un article du New York Times retraçant le quotidien de groupes de jeunes démarcheurs tentant de vendre des magazines au porte-à-porte, hobos des temps modernes livrés à une existence précaire, assortie de rituels divers. Cette réalité, Arnold a choisi de la prendre à bras-le-corps, à la suite de Star (Sasha Lane, une débutante au charisme inouï), une adolescente au présent et au futur incertains. Et qui, au hasard d’une rencontre avec Jake (Shia LaBeouf), va quitter sa famille dysfonctionnelle pour rejoindre une petite tribu de vendeurs parcourant le Midwest, un univers où elle va rapidement trouver ses marques en dépit de l’hostilité pas même voilée de Krystal (Riley Keough), la meneuse de la bande. Et le road movie de prendre forme entre aires pour routiers et motels borgnes, rythmé par les rencontres hasardeuses, les temps de suspension, la picole et autres combats entre VRP poissards…

Porté par une vibration teenage n’étant pas sans rappeler le meilleur de Gus Van Sant, American Honey est une expérience viscérale sous haute énergie -sentiment renforcé par sa bande-son omniprésente. Au-delà de celui d’une sous-culture fascinante, Andrea Arnold y esquisse le portrait en creux de l’Amérique contemporaine, en une vision voilée, faut-il le dire, d’amertume, mais exhalant aussi un enivrant parfum de liberté. Un grand film, idéalement servi par sa mise en scène immersive et la photographie de Robbie Ryan, qui a obtenu le prix du Jury à Cannes en 2016 mais aurait pu prétendre à mieux encore.

J.F. PL.

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