Ali Farka Touré

© Kiss Diouara

Voyageur ****

John Lee Hooker m’a tout piqué.” Sfinks Festival 1988: en interview, le Malien Ali Farka Touré donne sa vision du fameux musicien américain (1917 – 2001). Figure de style, puisque le bluesman US sort dès 1948, un 45 tours, pas loin de 30 ans avant la première discographie de Farka Touré, mort en 2006 à l’âge de 66 ans. Ainsi, le chanteur-guitariste-éleveur né dans la région de Tombouctou, exprimait -avec ironie- l’incommensurable lien nouant sa musique à celle des Afro-Américains. Dix-sept ans après la disparition de son immense sourire, paraît donc cet album posthume bouclé au fil d’une quinzaine d’années de bourlingue internationale pour celui qui décrochera pas moins de trois Grammy Awards, notamment via sa collaboration avec Ry Cooder. Ce disque de neuf titres démontre une fois encore simplement cette reconnaissance: AFT incarne la matrice sablonneuse exprimant l’essence de l’éternelle Afrique subsaharienne. La scansion du musicien traque l’hypnose immémoriale et exsude de chaleur lente, consumée par les rives bouillantes du fleuve Niger. Donnant au temps ce qu’il n’a plus vraiment en 2023: une distance princière. AFT pince les cordes virtuoses et met du vinaigre dans sa voix, comme dans Cherie, où l’autre chant est celui d’Oumou Sangaré, princesse de l’enchantement malien. À trois reprises sur l’album, la chanteuse se joint d’ailleurs à son aîné de cœur, dans une célébration de la magie africaine. Sans âge.

Distribué par V2 Records.

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